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Ile de Chiloé

L’archipel de Chiloé marque notre entrée en Patagonie chilienne. Si beaucoup la considèrent comme une presqu’île, peut-être de son apparente proximité avec le continent, ou de la continuité de la Panamericana, il s’agit bien d’une île, la deuxième plus grande d’Amérique du Sud après la Terre de Feu. Constituée d’une multitude d’îlots de tailles diverses, elle se démarque grandement du reste du pays par sa culture chaleureuse, les couleurs vives de ses villages de pêcheurs, et notamment ses fameuses églises qui justifieraient à elles seules le déplacement.

Comment se rendre à Chiloé ?

En ferry évidemment, le premier d’une longue série ! Depuis le village de la Pargua nous avons pris le ferry avec la voiture. Aussitôt arrivé, aussitôt embarqué, toutes les 15min un bateau effectue la traversée d’environ une trentaine de minutes (ok on n’a pas compté). Le prix est par voiture (14€), les piétons et cyclistes ne paient pas.

Itinéraire et transport

Difficile d’imaginer Chiloé autrement qu’avec son propre moyen de transport. Si les bus existent, ils ne couvrent certainement pas tout le territoire. Sur l’île, il est bon de se « perdre » sur des chemins égarés.
Attention cela dit, l’île n’est pas si plate que ça ; si les routes (et chemins) sont en très bon état, c’est un véritable roller coaster tout du long, et certaines montées abruptes nous ont donné des sueurs froides.
Nous aurons passé 4 jours pleins (à vrai dire 5, on s’est fait avoir par un jour férié pour récupérer notre lessive…), à sillonner l’île et notamment les littoraux.

  • J1 : Arrivée sur l’île, on a suivi la côte nord pour se poser en bord de plage. A marée basse, on se promène sur le sable à la recherche de coquillages.
  • J2 : Ancud pour le plein de provisions, lessive puis plage de Punihuil. Gros après-midi à randonner entre Duhatao et Chepu. Au retour, on a passé la nuit au bord de la plage de Duhatao.
  • J3 : Retour à Aucud, on prend la route 5 pour descendre vers le sud et commencer la fameuse route des églises. Pause à Castro, la plus grande ville de l’île, pour découvrir les maisons sur pilotis et se restaurer au marché. On prend ensuite le ferry pour l’île Lemuy qu’on parcourra de fond en comble, avant de se poser en bord de plage, avec une vue imprenable sur les sommets de la Carretera Austral !
  • J4 : On revient sur Chiloé, direction le parc Tepuhueico, secteur bosque le matin puis secteur costa en fin de journée. On dormira le long de la plage à l’ouest, seuls au monde.
  • J5 : Suite de la route des églises, on passe par l’île Quinchao, et on suit la côte nord-est avant de passer la nuit sur une mini presqu’île, au milieu des parcs à huîtres.
  • J6 : Laverie fermée, on passera une journée tranquille à Ancud.

Notre itinéraire ci-dessus nous a permis de bien profiter de ce que pouvait offrir l’île, on ne conseillerait pas moins. On a tout de même dû faire l’impasse sur le sud de l’île, moins connu, ou encore la péninsule nord-ouest d’où l’on peut apercevoir lions de mer et dauphins à certaines saisons.

La Bretagne ?

Si, comme nous, vous aviez toujours imaginé la Patagonie au travers de ses fjords et glaciers, vous serez sans doute bien dépaysé. Ici les montagnes ont laissé leur place à un paysage champêtre, de vastes plages et petits ports de pêche colorés. Si on ajoute à cela une pluviométrie constante (quoiqu’on ait eu pour notre part de belles jours ensoleillées), on se croirait en Bretagne, à parcourir la Côte Sauvage. On aurait eu des bottes et un imper, on aurait même profité de la marée pour aller à la chasse aux moules (GEANTES) !

La route des églises

Les églises en Amérique du Sud constituent toujours un point d’attention particulier. Déjà, elles sont souvent placées au centre du village, au bord d’une place paisible et fleurie, et offrent une palette de couleurs et matériaux qui ne laissent jamais indifférent. Plus encore à Chiloé, elles justifient à elles-seules la visite : où, ailleurs dans le monde, ferait-on un détour de 60km de piste de cailloux pour voir une petite église égarée entre 3 bicoques ?

Elles sont 16 à avoir été classées au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2000, toutes situées entre le nord-est et le centre-est, parfois sur des îles secondaires. Il ne faut pas pour autant en oublier toutes les autres églises qui peuplent l’archipel, chacune vaut le coup d’œil !
Leur structure en bois, unique en Amérique latine, est un savant mélange entre l’architecture coloniale classique des espagnols et celle locale de l’époque, adaptée au climat de la région. Elle remonte à l’arrivée des jésuites au début du XVIIème siècle.
Malheureusement, beaucoup sont fermées au quotidien. Souvent la clé est détenue par un voisin et il faudrait frapper aux portes pour espérer trouver la précieuse. Bon courage !

Îles, villages, Chiloé en itinérance

Ancud

A peine débarqués du ferry, on commence à suivre la côte nord, peu fréquentée sinon des pêcheurs qui récoltent les algues échouées. On y passera une première nuit au bord de la mer, fluctuant au gré des marées. La route nous amène ensuite à Ancud, grande ville du nord et point de passage forcé pour découvrir le nord-ouest ; elle se situe le long de la ruta 5. On y trouvera tout le ravitaillement nécessaire : grand supermarché, marché local, laverie (Clean Center : la moins chère de tout le voyage !) et de nombreux logements ; le dernier jour, nous résiderons chez Mi Casa Chilota. Le petit déj est super (pain, avocat, jambon, fromage, empanada sucré façon «  chausson aux pommes » ) et la cuisine bien équipée pour préparer le soir du poisson frais du marché.
Sur la jetée, on aperçoit la péninsule de Lacuy et le sud du continent.

Castro

Plus grande ville de l’archipel, c’est un incontournable lieu de passage. On s’arrêtera bien évidemment au nord et sud pour contempler les palafitos, anciennes maisons de pêcheurs sur pilotis qui illustrent souvent les cartes postales. Dans la rue Pedro Mont, on peut les observer à pied côté rue, de couleurs et états divers ; beaucoup sont depuis reconvertis en gîte ou restaurant. On passera par la plaza de armas pour visiter la grande église San Francisco, jaune pétant à l’extérieur, ciel étoilé une fois à l’intérieur ! Et bien sûr, on n’omettra pas une halte riche en saveurs au marché couvert, en amont du centre, notre lieu favori dans les villages d’Amérique latine.

Isla Lemuy

Accessible par ferry (2,8€ par voiture, toujours gratuit pour les piétons) peu après Chonchi, au sud de Castro, l’île est l’une des plus grandes de l’archipel. On erre de village en village (Puqueldon, Cuchao, Aldochildo, Sangostini…), toujours à la recherche des églises, avec une route vallonée fantastique pour rejoindre la seconde moitié à l’est, de vraies montagnes russes. Là-bas, à Detif, on s’est bien dit qu’on ne parviendrait jamais à la remonter cette pente de l’enfer, heureusement qu’elle était pavée. L’adrénaline à peine redescendue, on s’approche un peu trop du sable à Playa Guinae et nous voilà embourbés, premier excès de confiance d’une longue lignée. Il nous faudra bien 20 minutes, 3 essais et une pause fraîcheur pour en sortir, mais le coin est bien trop beau pour ne pas retenter. Cette fois ça passe et on profitera d’un merveilleux coucher de soleil sur toute la cordillère patagonienne. On reconnaît notamment l’immense dôme au blanc immaculé du volcan Minchinmahuida, ou le Corcovado surmonté de son « petit téton » dixit Camille. Au matin, les dauphins nous raviront de leurs espiègleries près de la côte.

Côte nord-est et Isla Quinchao

Après notre escapade au parc de Tepuhueico, on décide de remonter au continent en longeant la côte est. A Dalcahue, on achète du ceviche frais sur le port, agrémenté d’avocat et quelques légumes (4€ la part), avant de prendre un nouveau ferry pour l’île de Quinchao, que l’on parcourt tranquillement : Curaco de Vélez puis Achao, c’est ici le point de départ pour plusieurs petites îles alentours, que nous aurions souhaité explorer avec un peu plus de temps. On revient à Dalcahue et on poursuit notre remontée : San Juan, Tenaun, Colo… On se fait parfois quelques frayeurs : piste ténue à 30° sur plus de 300m, impossible de repartir si jamais on croise un autre véhicule, John hésite presque à monter à pied et bloquer la route. On serrera fort les fesses et finalement on ne croisera personne, mais ça s’est joué à peu. Tout ça encore pour une église…

On poursuit la route, l’îlot Aucar accessible via une longue passerelle est superbe, et déjà bien plus touristique. Idem pour le village de Quemchi, après lequel on ne croisera plus grand monde jusqu’à Conimo, où l’on passera la nuit sur une petite langue de terre après le village.

Gastronomie

Évidemment, l’archipel fait la part belle aux produits de la mer. Rendez-vous au port ou sur le marché pour en profiter : poissons à 5€ le kilo, ceviche à emporter à partir de 3€, moules géantes, palourdes ou autres crustacés. D’Ancud, on repartira pour 3€ avec un bon sac de crustacés déjà sortis de leur coquille, plus qu’à les préparer « à la Vongole » avec vue sur la plage.

Par endroits, des huîtres sont également disponibles à la dégustation auprès des producteurs à bon prix.

Le curanto est le plat emblématique de l’ile. Composé de viande (porc, poulet…) et de fruits de mer (moules, coques…), accompagné de pommes de terre (en galettes, cuites ou crues), il est traditionnellement cuit à la vapeur en séparant chaque aliment par des feuilles de Nalca, plante qui pullule en Patagonie. Si peu de lieux le cuisinent encore de manière traditionnelle, certaines familles proposent de participer à la longue préparation ! Le prix est souvent situé entre 10 et 15€ ; on vous conseille plutôt de le partager, c’est énorme !

Grands amateurs de mets « exotiques », nous avons acheté un fil de moules séchées. Pas de panique quand on a vu qu’elles étaient infestées de vers quelques jours plus tard. Hop dans un sac hermétique pour éteindre toute once de vie, et ca fera un peu de viande comme on dit. Les chilotes les utilisent ensuite pour parfumer soupes et bouillons, hâte de tester ça !

On se laissera aussi tenter par une meule du fromage local. On en voit un peu partout, toujours le même. 7€ seulement pour un bon poids, et première tentative de fondue savoyarde. On valide !

Nous n’aurons pas eu l’opportunité de goûter, mais il se vend une algue immense qu’ils récupèrent à marée basse ou échouée. Il semblerait que celle-ci puisse se consommer crue en ceviche ou réhydratée après séchage et longuement cuisinée. C’est sous cette forme séchée qu’elle est d’ailleurs vendue en ballotins, parfois en morceaux en supermarché. Avis aux amateurs !

Nous n’aurons pas eu l’opportunité de goûter, mais il se vend une algue immense qu’ils récupèrent à marée basse ou échouée. Il semblerait que celle-ci puisse se consommer crue en ceviche ou réhydratée après séchage et longuement cuisinée. C’est sous cette forme séchée qu’elle est d’ailleurs vendue en ballotins, parfois en morceaux en supermarché. Avis aux amateurs !

Sentier côtier Duhatao <=> Chepu

Curieusement, un sentier bien entretenu, désert, et surtout gratuit. Vous avez bien lu.
On ne savait guère à quoi s’attendre au départ. Comme à l’accoutumée, on recherche sur la carte les villages perdus, les sentiers en pointillés à l’écart de toute vie humaine, et on découvre celui-ci. Situé après la plage de Punihuil, à quelques 10km, il devrait nous occuper pour l’après-midi, et offrir une sympathique balade en bord d’océan.
Quels naïfs !

Il nous aura fallu 4 bonnes heures, avec un dénivelé conséquent, pour revenir à la nuit tombée. Le départ se fait d’une magnifique plage enclavée, qu’on parcourt à pied. Ne pensez pas trop à la suite, si jamais la marée venait à remonter sur toute la plage, laissez donc un peu de folie dans vos pérégrinations (sérieusement, ne rentrez pas trop tard). Peu après un portail ouvert, qui semble mener à une propriété privée, le sentier part sur la droite. Il monte, redescend, longe les falaises et offre de belles vues sur l’immensité du Pacifique. Lorsqu’il traverse un ruisseau après une courte descente, engouffrez-vous dans celui-ci en aval pour découvrir quelques mètres sauvages une crique sauvage.
Ensuite, le chemin remonte peu à peu, croisant quelques pâturages déserts puis se prolongeant (très) longuement dans la forêt. Une descente finale, raide, légèrement boueuse, débouche sur une immense plage sauvage, bordée par les dunes, parsemée d’algues gigantesques. Fabuleux.
Si nous avons fait demi-tour après avoir lentement déambulé sur la plage, il semble possible de rejoindre le village lieu-dit de Chepu. Là-bas, il serait probablement délirant d’espérer un quelconque véhicule pour faire du stop, mais nous laisserons à d’autres aventuriers le soin de tester l’expérience. Voire de tenter la traversée (en bateau ou à marée basse ?) pour explorer le sud de la côte…

Au retour, nous avons passé la nuit peu avant la plage. Un camping semble indiqué sur notre carte, mais nous n’avons guère plus d’infos dessus. Ne pas demeurer sur la plage, la marée remonte subitement à la nuit tombée, engloutissant celle-ci.

Parc Tepuhueico

Le parc national de Chiloé a plutôt mauvaise réputation : monotone, court, onéreux… On ne donnera pas notre avis, ayant renoncé à celui-ci pour un autre bien moins connu : Tepuhueico. Le parc se divise en 2 secteurs bosque et costa qui offrent chacun un paysage bien différent. Quand le premier permet, au travers de plusieurs sentiers, de découvrir faune et flore d’une forêt humide qu’on ne soupçonnait pas jusqu’alors, le second longe la côte ouest, aride et sauvage à souhait !

L’entrée coûte 5€ (payable sur place) et permet d’accéder aux différents secteurs. C’est un peu sportif en une seule journée, d’autant que les 2 zones sont distantes d’une quarantaine de km (sur une « route » parfois discutable), mais cela semble aussi possible d’utiliser le ticket sur 2 jours consécutifs.

Secteur bosque

Il est possible d’entrer dans le parc en voiture, moyennant 6€ supplémentaire. Cela permet de s’avancer jusqu’aux départs de sentier et de gagner quelques km. Pour notre part, nous sommes entrés à pied, des sentiers permettent d’éviter la majeure partie du chemin principal tant à l’aller qu’au retour. On aura parcouru environ 12km à travers différents sentiers bien aménagés : jungle d’arbres en tout genre (arrayanes, coigues), rivières, cascade… Rien de grandiloquent mais les amateurs de flore y trouveront volontiers leur plaisir. Il serait commun notamment de croiser le pudu, plus petit cervidé au monde.

Secteur costa

Même chose ici, on peut s’épargner les 2 premiers kilomètres en payant les 6€ (on ignore s’il est possible de ne les payer qu’une fois pour tous les secteurs). Ensuite un aller-retour permet d’atteindre la muelle del tiempo (ponton). Si ce ponton circulaire reste anecdotique (mais bon, les touristes en sont friands), les vues à 360° sont formidables.

On conseillera de poursuivre le sentier en réalisant la boucle « tricolor » qui offre des vues et un isolement encore plus poussés. Là-bas, balayées par les vents, s’étendent des dunes à l’infini.
On parcourt longuement des zones sableuses ce qui peut freiner la progression (surtout que John, princesse de son temps, ne supporte pas le sable dans les chaussures), on aura mis 4h environ en incluant les nombreuses pauses photo.

Les différentes informations sont disponibles sur leur site : https://tepuhueico.com
Le parc ne semble ouvert qu’en semaine, de 9h à 18h.Le récit de nos 5 jours

Notre bilan

On y va ?

Yes, sans hésitation. On a adoré vadrouiller à travers l’île. Quand l’ouest propose de vastes étendues vierges pour satisfaire nos insatiable appétits de liberté, nous avons également été séduit par l’authentique culture chilote, bien loin du Chili que nous connaissions.

On aurait même aimé passer un peu plus de temps à découvrir les autres îlots de l’archipel. Pour les plus pressés, il est aussi possible de prendre le ferry au sud pour rattraper la Carretera austral sans manquer ce petit bout de Patagonie.

Nos incontournables
  • Vadrouiller le long de la côte est, de village en village, en prêtant particulièrement attention à chacune de leurs églises
  • Découvrir la côte ouest, sauvage, le temps d’une rando
  • Déambuler dans Castro, observer les palafitos et se restaurer au marché d’un plat local
  • Prendre un ferry à la découverte des autres îles de l’archipel
  • Profiter d’un coucher de soleil sur la Cordillère, à scruter les dauphins à l’horizon
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