Direction El Calafate et le parc Los Glaciares, à la découverte de l’immense glacier Perito Moreno et à l’assaut du cerro Cristal.
En route
Après le ravitaillement à Rio Gallegos, cap sur El Calafate par la route 5, plus directe que la 40 qui longe la frontière sud avec le Chili. La route est monotone mais en parfait état, on trace malgré un fort vent latéral. Au mirador El Monito, la vue sur la vallée est incroyable. Les rivières et lagunes bleutées scintillent au milieu d’un désert à perte de vue. Au loin on entrevoit le lago Argentino qui borde El Calafate.
On cherche désespérément un spot mais le vent est puissant et pas un seul abri à l’horizon. On prend la bifurcation avec El Chalten pour aller se poser au bord de la rivière. Le lieu est à l’écart de la route, l’eau est très belle, on est plutôt heureux de cette trouvaille de dernière minute, quasi-idyllique. Après un petit tour des lieux John conseille de ne pas tourner la tête du côté gauche, il y aurait une patte de guanaco encore recouverte de sa fourrure. Hum, pas non plus derrière, où gît le reste de la carcasse, séchée par l’aridité du désert. Un peu plus loin, quelques os non identifiés traînent également. On tâchera d’en faire abstraction et on se couche dès le repas terminé.


J1 – Perito Moreno
Le temps annoncé est plutôt mauvais mais on se motive quand même pour se rendre au Perito Moreno, le célèbre glacier du parc Los Glaciares. Peut-être cela dissuadera les autres gens, se dit-on naïvement. On passe rapidement par El Calafate, village plutôt mignon quoique très touristique, on s’y attardera davantage au retour. Sur la route le vent ne faiblit pas, les rafales nous poussent régulièrement sur la voie d’à-côté. Le lago Argentino est magnifique, on avait rarement vu un lac bleu turquoise aussi grand !


On parvient à l’accès au parc, encore distant de quelques kilomètres du parking. Une dame vient directement nous voir pour le paiement, ça fera 90€ pour nous deux ! On tente notre joker étudiant, elle vérifie nos certificats français et revoit à la baisse le tarif d’entrée, ce ne sera que 14€ finalement, un monde d’écart.
On reprend la route, il doit y avoir encore 30 petites minutes jusqu’au parking. La pluie tombe de plus en plus, pourtant à l’arrivée il y a des gens de toute part. Chaque rangée de parking correspond à un type de véhicule, celle des bus, des vans ou camping-cars, et toutes celles des voitures, ça en fait du monde. Au départ des passerelles il y a une salle pour manger ou s’abriter, c’est plutôt pratique, on reviendra pour le casse-croûte si jamais la pluie ne cesse pas. On prend les kways et c’est parti. C’est très bien aménagé, tout le parcours se fait par des passerelles en bon état, on se croirait un peu au Disneyland des glaciers. C’est suffisamment long pour répartir toute la foule, on parvient aisément à trouver des coins tranquilles pour se poser et admirer le glacier.




Les passerelles permettent de l’observer sous toutes les coutures, dans la largeur et en hauteur. On s’assoit, on prend le maté à l’argentine, et on guette les craquements du glacier. A chacun d’entre eux, tout le monde s’interrompt pour scruter un éventuel bloc qui se détacherait du glacier, on fera ça toute la journée. Certaines portions sont indiquées comme difficiles, en réalité elles sont juste un peu plus longues et comprennent à peine quelques escaliers, on comprend que ça s’adresse à une clientèle de tout âge. Après avoir terminé l’entièreté du parcours, on retourne prendre le déjeuner à l’abri, alors que la pluie revient de plus belle. Ça a l’avantage de vider un peu les passerelles, la plupart des gens ne restant guère plus d’une heure sur place.

On retourne faire un tour, il y a toujours un vent glacial provenant du campo de hielo sur (champ de glace) duquel découle le glacier mais la pluie s’est calmée. On en profite pour apprécier encore quelques angles de vue quand soudain un immense pan s’effondre avec fracas. On s’émerveille de la scène, bien qu’elle symbolise aussi la disparition progressive de ces glaciers autrefois éternels.



Le Perito est un des rares glaciers qui avance (quand les autres au contraire, reculent), d’environ 2m par jour. Son front peut atteindre 80m de hauteur ! Lorsqu’il atteint finalement la rive opposée et coupe le lac en 2, les eaux le creusent peu à peu jusqu’à que se produise un épisode appelé la rupture où tout l’avant du glacier se sépare de celui-ci.

On quitte le parc et direction le sud vers le cerro Cristal, au pied duquel un campement gratuit est mis à disposition, avec une belle vue sur le lac. La piste qui y mène est plutôt en mauvais état, ça secoue pas mal.
Prix : 45€ adulte, 7€ étudiant, moitié prix le deuxième jour ou 90€ les 3 jours (à condition d’acheter le pass directement)
Prix bateau : 60€
J2 – Cerro Cristal
9km, 1050D+
6h prévues, 3h effectives

Au réveil, on croise un ranger qui vient prendre nos informations pour le camping et nous demande ce qu’on prévoit pour la journée. Il nous demande si on sait combien fait la rando. Environ 10km aller-retour lui répond-on. Non non, ça fait 8h nous dit-il avec insistance, presque alarmisme. Encore une fois, ils font un peu de zèle.
Un registre est présent au départ. L’accès est gratuit bien que le sommet appartienne au parc de Los Glaciares, on ne sait trop pourquoi sachant que tout est devenu payant côté El Chalten, mais on ne va pas s’en plaindre. Le panneau affiche 4h de montée, sachant que la descente est forcément plus rapide, on est donc sur du 6h préconisées. D’ailleurs il est titré difficulté moyenne, quand on avait difficulté élevée la veille sur certaines passerelles d’à peine une dizaine de mètres de D+ au glacier. C’est à ne rien y comprendre.
Allez, on s’élance sur le sentier. On s’élève au-dessus de la vallée, ça serpente tranquillement. Assez vite on aperçoit le glacier Perito Moreno au loin ainsi que les différents lacs : Roca, Argentino, Brazo Rico. Chacun affiche des teintes de bleu différentes, pour un superbe panorama. La fin de la montée est plus physique, bonne pente de quelques centaines de mètres sur un sol de sable/gravier qui se dérobe sous les pas.
On parvient au sommet après 2h d’ascension. Un grand tabouret de métal est présent (pour les photos ?), recouvert de glace. Là-haut le vent est puissant et glacial, comme souvent depuis qu’on a débuté la Patagonie. On profite tant que possible de la superbe vue à 360°. Paraît-il on peut apercevoir le massif de Torres del Paine par beau temps, mais ce ne sera pas pour aujourd’hui. On entame la redescente avant de perdre des orteils, ce sera l’objet d’une grosse heure.





El Calafate
Retour à El Calafate, on parcourt le centre à pied, plutôt joli. Les prix affichés par les restaurants et magasins de randonnée sont particulièrement élevés. On fait le ravitaillement pour une bonne semaine à La Anonima et Diarco avant de se rendre à El Chalten, pas forcément réputé pour ses prix abordables.

On se pose ensuite de l’autre côté du lago Argentino en prenant une piste depuis la route 40. Le spot est sublime, à quelques mètres seulement du lac turquoise. Autour, des morceaux et os de guanaco gisent sur le sol. A une dizaine de mètres, 2 carcasses sont encore pendues aux barbelés. On prend l’apéro dans ce décor morbide et idyllique à la fois. Tristement, on commencerait presque à s’y faire.