Préparation
Partir à l’aventure oui, mais mais comment ?
Avec autant de kilomètres et de choses à faire, nous devions nous poser la question. Bus locaux ? Vélo ? Van ?
Nous avons, dans un premier temps, choisi de rouler sur les routes d’Amérique du Sud avec un van. Cela nous apportera plus de liberté et aussi nous fera de sacrées économies sur les logements et les trajets en transports locaux pourtant assez bien desservis sur le continent.
Après de nombreuses recherches on s’est rendu compte que l’achat d’un véhicule en Amérique du Sud se fait surtout à Santiago, capitale du Chili. C’est LE lieu pour l’achat et la vente de véhicules entre voyageurs.

Van aménagé ou 4×4 avec tente de toit?
Gros débat là aussi. Cam ne jure que par le van quand John, jugeant cela bien trop « confort », préférerait un 4×4… D’autant que pour avoir déjà voyagé en Amérique du Sud, il sait que les pistes peuvent être particulièrement pourries (cailloux, sable, tôle).
Il nous faut déjà un véhicule adapté aux pistes que l’on va rencontrer. La majeure partie du temps nous serons en extérieur pour vivre, manger, se “laver”… mais pour les temps pluvieux, venteux, neigeux (sait-on jamais) ou caniculaire, il est quand même préférable d’avoir un endroit de repli… donc The Winner is Camille. Le van devra tout de même être assez haut pour passer partout, et affronter les terribles pistes de sable de la Cordillère… Il y aura bien quelques anecdotes.
Ou trouver un van depuis la France ?
On s’est vite rendu compte qu’il serait finalement plutôt aisé de trouver LA maison roulante. Merci les réseaux sociaux, Facebook et Instagram nous auront bien servi. Il existe pas mal de groupes pour la vente et l’achat de véhicules. On vous les met en lien :
- Vente et achat de véhicule au Chili
- Les français au Chili
- Overlanding Vehicles & Trucks For sale – Americas
- Overlander Chile Buy & Sell Cars/Motorcycles/van
- Chile Overlanders Buying & Selling Vehicles
- Overlander Chile Buy & Sell Campervan/4×4
Nous arriverons à Santiago le 03 octobre ; une chance c’est le début de la saison. Une grande partie des voyageurs finissent leur périple avant l’hiver dans l’hémisphère sud. Rentrant dans leurs pays respectifs, ils confient leur véhicule à divers revendeurs, particuliers ou professionnels.
Nous pensions commencer les démarches d’achat une fois sur place mais en arpentant régulièrement (non pas de stress du tout) les différents groupes et les annonces des revendeurs, PAF coup de cœur, respectant nos critères, budget (8725€), et disponible début octobre. Qui plus est les démarches administratives pouvant se révéler longues et laborieuses, peuvent être gérées directement par le tiers. Nous décidons de réserver ce van auprès du revendeur, moyennant un léger acompte (environ 200€). On vous détaillera cela un peu plus précisément quand nous signerons les derniers papiers, avec en prime la photo de notre nouvelle maison roulante !
Nous sommes passés par Drive Patagonia (Suzi Santiago). Très bon feeling avec Daniel, de bon conseils, explications, la communication fut très facile, Daniel étant très réactif.

Le «sachiez-vous» ?
Pour acheter un véhicule au Chili, il vous faudra d’abord obtenir un précieux sésame : le RUT !
Qu’est ce donc que le RUT ?
Il s’agit d’un numéro fiscal (le numéro d’identité pour les chiliens). Pour se le procurer, il faut donc être parrainé par un résident chilien, disposant au moins d’une carte d’identité chilienne (cédula).
Encore des complications ? Finalement, plus d’appréhension qu’autre chose. Toute personne peut vous parrainer : un ami, le gérant de votre hôtel, voire un quidam dans la rue (à son bon vouloir)… n’importe qui fera l’affaire. Il suffit de se présenter chez un “notaire” (différent des notaires de France) avec votre parrain, votre passeport, une déclaration sous serment, de l’argent liquide (forcément, tout se paie, encore plus au Chili), quelques signatures et sous 24/48h vous obtenez votre RUT temporaire.
Autre alternative que nous choisissons, certains professionnels peuvent le réaliser pour vous, ainsi vous n’aurez plus qu’à assister et signer les papiers. Nous passons donc encore avec Drive Patagonia pour 58€ supplémentaires.
Dès notre retour de l’île de Pâques, le 11 octobre, nous irons récupérer notre van et nous vous expliquerons la suite de nos péripéties administratives…
Update POST-achat
Évidemment, tout n’allait pas se passer comme prévu !
Arrivés sur place, nous sommes directement allés chez le notaire pour établir le RUT, ce fameux document primordial pour l’achat du véhicule. Ce n’est l’affaire que de quelques minutes. On fournit le passeport et paiement du notaire (~6€) et on obtient un reçu, plus que quelques jours à attendre pour la finalisation de la procédure. Grossièrement, c’est la société Suzi qui nous parraine (comme représentant légal) et fournit son adresse qui figurera sur le document final.
On enchaîne avec la rencontre de notre future maison roulante. Le bureau de Suzi Santiago est situé dans une zone plutôt aisée ; dès l’arrivée on comprend qu’ils utilisent les différentes allées du quartier pour garer les véhicules. Quand on se présente au bureau, le responsable n’est pas présent, on lui avait pourtant bien signalé l’heure à laquelle on comptait passer. Il arrive près d’1h30 plus tard, décalage horaire classique dans ce coin du monde. Il nous conduit au véhicule, placé sur un parking privé à quelques rues. On commence l’inspection générale !
Un détail nous chagrine rapidement ; un réfrigérateur et un onduleur sont présents mais aucune batterie. Autrement dit, on ne peut utiliser que l’un ou l’autre, branché sur l’allume-cigare. Tout juste de quoi ramener des bières fraîches au bivouac. Adieu l’autonomie tant espérée !
On demande s’il est possible de voir et comparer d’autres vans mais nous avions déjà posé l’option pour celui-ci, on perdrait donc l’avance.
On décide de prendre le week-end pour réfléchir. Entre-temps, on se souvient d’une annonce aperçue sur les réseaux. Quasiment le même modèle de van, prix identique mais cette fois un panneau solaire avec une batterie. Son propriétaire nous confirme la disponibilité ; ce sera lui, l’heureux élu.
Nous avons rendez-vous avec Suzi le lundi à 10h pour lui annoncer notre décision de nous retirer. Bien sûr, il n’est pas présent à l’heure convenue, on l’informe donc par message et on lui demande s’il peut nous transmettre le RUT, ce qu’il fera immédiatement.
Bilan avec Suzi

A vrai dire, mitigé. L’avantage est la localisation (Santiago), on peut aisément s’y rendre dès l’arrivée à la capitale. Cependant le catalogue était assez réduit en octobre et on n’a pas trouvé le propriétaire très avenant. Outre une ponctualité discutable, il n’était guère disponible pour nous expliquer les procédures ou nous présenter les véhicules disponibles.
Cela dit il est resté pro malgré notre retrait (pour lequel nous avons quand même perdu l’avance) en nous fournissant le RUT.
Meilleure solution, OverAndes
Direction Quillota, à 2h de Santiago, pour notre nouveau choix de van. Là-bas, un autre revendeur officie : Juan-Pablo (« Jupa ») de OverAndes. Ancien voyageur, il a décidé de se mettre à son compte pour aider et faciliter la vente et l’achat de véhicules pour les étrangers. Dès le départ, il est très réactif par message et son frère vient nous chercher à la gare dès notre arrivée.

Récemment il a acheté une parcelle où il stocke tous les véhicules en vente (près de 90 en haute période !) autour de sa maison en construction. Comment mélanger travail et vie privée !
Arrivés chez lui donc, on inspecte le véhicule, on le vide entièrement et on commence à réfléchir et entreposer nos affaires. Camille est aux anges, c’est « le van » de ses rêves. John est un peu plus réservé, on ne l’a même pas encore vu rouler !
Il nous permet de rester passer la nuit dedans sur son terrain. Il prévoit la construction d’un petit bâtiment avec toilettes/douches pour les acheteurs ou revendeurs qui passeraient la nuit là-bas dans le futur.
Signature et papiers
Le lendemain, direction une ville proche pour la signature. Sur la route, il nous explique les documents qui vont être signés et remis. Il continue une fois là-bas de nous lire les différents papiers afin de s’assurer qu’on comprenne bien de quoi il s’agit. Ça y est, nous sommes les (heureux ?) propriétaires d’un van chilien !
Il en profite ensuite pour nous présenter un itinéraire possible pour descendre vers le sud et quelques idées de parcs à visiter.
- Vignette assurance à renouveler tous les ans en mars
- Certificado de revision técnica (contrôle technique)
- SOAP – Séguro obligatorio (assurance obligatoire) à renouveler tous les ans en mars
- Certificado de multas : liste des amendes en cours pour le véhicule
- Certificado de immatriculacion
- Compraventa (contrat de vente) : il sera envoyé au registre civil pour la création du padron du nouveau propriétaire
- Declaracion jurada : vous déclarez que le véhicule reviendra au Chili
- Autorizacion : document temporaire pour circuler en attendant la réception du padron
Notre véhicule
Il s’agit d’un Chevrolet N300 MAX (2018), modèle urbain qui n’existe qu’au Chili. La plaque est chilienne, le véhicule a été initialement acheté et équipé par des locaux.
2 roues motrice, boîte manuelle, 1500kg (+ charge), portes et fenêtres latérales, coffre vitrée.
Il est équipé de l’air conditionné et d’un rack (maison) sur le toit.


Aménagement
L’intérieur est entièrement équipé et ready to go. Des placards en bois permettent de ranger toutes nos affaires. Derrière la voiture, après ouverture du coffre, 2 tiroirs sont disponibles : le premier offre un rangement pour la nourriture et un autre pour la plaque de cuisson à gaz, le second un autre rangement et un évier (avec tuyau et robinet électronique démontables).
Côté électronique, un panneau solaire de 100W avec transformateur 24W alimente une batterie sur laquelle est branché un réfrigérateur Alpicool de 35 litres, une lumière principale au plafond et un onduleur 375W. 3 prises sont disponibles pour y recharger nos appareils. On a l’habitude de couper le panneau et l’onduleur pendant la nuit, recommandation de Jupa lors de la vente.
Même par des semaines pluvieuses sans aucun rayon de soleil, le panneau a toujours suffi pour alimenter le frigo et recharger portables + ordinateur.
Il y a aussi un haut-vent mais pour être honnête, on ne pense pas qu’un jour la météo nous laissera l’utiliser !
Ce qu’on aurait fait différemment
Déjà, on aurait dû attendre de voir le van avant de le réserver ! Oui bon, on le savait, et en même temps on craignait qu’avec l’arrivée de l’été il n’y ait plus rien de dispo !
Finalement l’offre est pléthorique. Autant vérifier d’abord voire demander un contrôle technique pour négocier certaines révisions. Aussi bête que cela puisse paraître, assurez-vous que l’engin démarre et que rien ne soit suspect. Vérifiez le chauffage, la clim, vérifiez la fermeture automatique …
Demandez aussi où se trouvent le moteur, le cric, … Ça vous épargnera bien du temps perdu et du stress au moment où vous en aurez réellement besoin !
Maintenant, ne pas reculer sur quelques détails et dysfonctionnements. Les routes en Amérique du Sud sont pourries, elles prennent des cailloux, trous, poussière toute la journée. Tout ce qui est visserie ou électronique vibre, se déplace, et on a vite des courts-circuits et des petites pièces à changer. A vrai dire, on reproche un peu au précédent propriétaire de ne pas avoir partagé ces petits détails quand on le lui a demandé, ce qui nous aurait évité bien des maux de tête !
Ce qu’on changerait
Après plusieurs mois d’utilisation, on a pu déceler ce qui était utile ou non, et ce qui nous manquait sur ce type de véhicule. Certains relèvent du confort, d’autres touchent au plan de voyage.
- Pas de possibilité de « vivre » dans le van. De notre, côté, 2 configurations sont possibles : celle de jour où le lit est replié pour ranger les affaires (table, une caisse avec les affaires de cuisine, sacs à dos 60L…) et une autre de nuit où le lit est fait et les affaires en trop sont positionnées devant.
En configuration de nuit, on ne dispose pas d’espace à l’intérieur pour s’asseoir sur le lit et on ne peut pas cuisiner ou même faire un simple café. On ne peut pas non plus mixer les 2 positions, avec l’un qui fait la sieste et l’autre sur un siège devant (à moins de mettre toutes les affaires en trop dehors).
C’est particulièrement problématique par un jour particulièrement pluvieux comme on a (trop) connu sur la Carretera Austral. Globalement soit on se couche tous les 2 dans le lit (à condition de ne pas être en plein milieu de la ville), soit on reste bêtement assis sur notre siège ! - Fenêtres latérales, coffre vitrée : dans un espace aussi réduit et compte-tenu du paragraphe précédent, nous ne passons à l’arrière que pour dormir. Pas besoin de fenêtre donc (et puis elles sont souvent tellement couvertes de boue qu’on ne verrait même pas les étoiles si on essayait) et cela représente plus une faiblesse qu’autre chose : étanchéité, casse…
- Plaque de cuisson à gaz : on le savait mais on a récupéré le van équipé ainsi, avec une plaque de cuisson à gaz avec recharges (type aérosol). Ces bouteilles se trouvent partout au Chili, bien moins ailleurs ! Le gaz n’est pas compressé comme c’est le cas dans une bonbonne à vis de rando, elles ne durent que 3 jours environ, et coûtent 5€ l’unité à partir de l’Argentine. Pour quiconque souhaiterait parcourir tout le continent, on conseille grandement une solution plus viable et économique (on y travaille encore !)
- 2 roues motrices, plus gros moteur : si vous tendez un peu l’oreille, sans doute pourrez-vous entendre John clamer, au loin, un « je l’avais bien dit ». Pourtant amateurs de pistes perdues, on est parfois contraint à renoncer à certaines portions réservées davantage à des véhicules 4×4. En Amérique Latine, c’est parfois très frustrant ! Tout dépend de vos habitudes, de vos aspirations.
- Évier : on ne l’a monté qu’une fois, pour la photo après l’achat du van ! Il ne nous a jamais servi, bien trop long à monter, on préfère mettre de l’eau dans un panier pour faire la vaisselle par exemple…
- Positionnement du frigo : il est situé dans un placard, ce qui contraint à chaque fois à lever le matelas au-dessus puis lever la porte du placard (sur charnières) et enfin lever la porte du frigo. C’est un peu la galère, on aurait préféré un accès latéral ou derrière le véhicule.
Les inconvénients d’une plaque chilienne
Tout n’est cependant pas idéal lorsque l’on voyage avec une plaque chilienne en tant qu’étranger. Il y a plusieurs choses à savoir :
- Les passages de frontière peuvent être compliqués
- Pour sortir du Chili, notamment dans la partie Nord, la lecture de la loi est parfois différente, les douaniers plus pointilleux et certains pasos sont réputés impassables (paso Jama notamment) bien que dans les faits de rares voyageurs y soient tout de même parvenus.Impossible de passer au Pérou depuis le Chili, n’essayez même pas, vous serez refusés !Entre 2 autres pays (par exemple de la Bolivie au Pérou), le padron peut être nécessaire, le simple poder (remis dans un premier temps) est parfois insuffisant.
- Une limitation existe quant à la durée que le véhicule peut sortir du territoire chilien. Elle est parfois indiquée sur le tips de sortie, parfois pas. Dernièrement, la durée était limitée à 90 jours successifs. Il faut donc revenir au Chili puis ressortir chaque trimestre. Au-delà, il semblerait qu’une amende (fixe peu importe la durée ?) de 40€ soit à régler au retour sur le territoire.
- Les chiliens ne sont pas toujours appréciés en Amérique Latine, au contraire des colombiens par exemple. Pour avoir grignoté le Pérou, privé la Bolivie d’accès à la mer ou encore soutenu les britanniques lors de la guerre des Malouines, la plaque chilienne n’est pas toujours très bien accueillie. Parfois ce n’est qu’après avoir vu notre tête de gringo et notre accent discutable qu’ils ont compris que nous n’étions pas chiliens et que tout est rentré dans l’ordre.
- Assurer le véhicule est souvent compliqué. On n’a pas trop cherché, mais assurer des français avec un véhicule chilien dans des pays sud-américains, c’est sans doute compliqué avec des assureurs de France. Pour les pays comme l’Argentine, où l’assurance est obligatoire et parfois exigée à la douane, il faut souvent renseigner le modèle en ligne qui… n’existe pas dans le pays en question. Parfois, comme au Paraguay, nous ne sommes jamais parvenus à trouver une assurance pour le véhicule.
- La revente hors du Chili peut être très compliquée. OverAndes semble avoir un contact en Colombie avec qui gérer la transaction, moyennant sans doute de payer chacun des prestataires. En dehors, on ignore si cela est réalisable. Si on remonte jusqu’en Équateur par exemple, cela fait une bonne trotte pour revenir le vendre à Santiago…