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A l’assaut du volcan Tromen

Après notre escapade du côté de Caviahue-Copahue, on poursuit notre remontée vers le nord et on profite de nos derniers jours en Patagonie après plus de 3 mois. Petit détour par la réserve Tromen qui abrite la lagune et le volcan du même nom.

On passe par Chos Mallal, grande bourgade poussiéreuse où on recherche désespérément un Western Union. Parmi les 4 indiqués, un seul existe vraiment et prend 2% de commission. John s’indigne mais tant pis, on en a bien trop besoin.

On repart pour quelques kilomètres sur la 40 avant de tourner en direction de Tricao Mallal puis de la réserve Tromen. Sur le chemin des cadavres de chevaux, veaux… sont asséchés, entassés sur le côté. La piste est plutôt bonne tandis qu’on s’élève considérablement.

Le volcan se découvre peu à peu, c’est le deuxième sommet de la Patagonie après le Domuyo, non loin. Il s’élève à une altitude de 3978m même si certains topos semblent l’afficher au-delà de 4100. Il présente d’immenses coulées de lave sur ses flancs qui contrastent avec les contours orangés de son cratère. A ses pieds, la belle lagune Tromen abrite de nombreuses espèces d’oiseaux (et accessoirement un bon millier de chèvres).

Ascension

Le sommet est généralement exempt de neige en été, malgré son altitude, en raison du climat extrêmement sec qui règne dans la région. 2 options (sans aucune signalisation) s’offrent aux personnes qui souhaitent se lancer à l’assaut de ce géant :

  • Longue mais douce (13km) : depuis la route principale on prend la piste à droite de la lagune pendant 3 km jusqu’à parvenir à une propriété clôturée. Passer le portail (à pied) et se diriger en direction du canyon qui remonte les flancs sud du volcan, jusqu’à rejoindre le ruisseau. Le remonter ensuite pendant plusieurs heures, presque jusqu’à sa source. Des cairns et abris de bivouac commencent à apparaître puis un sentier se trace à gauche dans le sable.
  • Tout droit (6km) : prendre le chemin au nord de la lagune. On aperçoit un improbable sillon qui descend verticalement depuis le cratère sur sa gauche. C’est bien par là qu’il faut passer. Attendez-vous à du sable et de la caillasse à gogo dans une pente folle !

John est un grand amateur du tout-droit mais pour le premier (quasi) 4000 de Camille, l’itinéraire de 13km semble préférable. On profite d’un p’tit déj riche (œufs, tartines, beurre de cacahuète) et c’est parti. On suit les 3km de piste et on se gare près du portail. Il nous semble bien fermé avec une corde et sans indication, on préfère longer les barbelés dans un premier temps pour ne pas se mettre tous les voisins à dos, avant de devoir inévitablement les traverser. On aperçoit un gaucho au loin, à cheval avec son inévitable chapeau, qui ne semble pas se soucier de nous, il semble que l’on soit sur le bon chemin. Après avoir rattrapé le ruisseau, un sentier commence lentement à se dessiner. On le suivra pendant plusieurs heures, gagnant tranquillement de l’altitude. Derrière on aperçoit le cerro Wayne qui surmonte le refuge. Les lézards sont légion sur le chemin, ils profitent du sol sombre et chaud de la zone. Ils sont noirs, la queue pailletée de jaune, et plutôt grassouillets. On se demande bien ce qu’ils peuvent trouver à manger dans ce foutu désert.

A partir des premiers abris de pierre, maigres abris de bivouac, on quitte la rivière pour serpenter à travers les rochers. On en profite pour remplir les gourdes, il n’y aura plus une trace d’eau pour le reste de la journée !

Le sentier se fait plus pentu à travers la roche, le sable… Il serpente longuement le long des imposantes coulées de lave noire qu’on traversera plus haut avant d’entamer l’ultime ascension. Tandis que John trace tout seul devant comme à son habitude, Camille met ses écouteurs et s’encourage pour les derniers mètres.

Là-haut les vues sont superbes sur toute cette région désertique. Le volcan lui-aussi est considérablement étendu, aux multiples couleurs. On aperçoit la lagune Tromen et au loin le volcan Domuyo, toit de la Patagonie du haut de ses 4707m, qui nous appelle. L’invitation est tentante mais c’est encore trop haut, trop technique, trop tôt. Ne nous brûlons pas les ailes.

Redescente par l’itinéraire tout droit pour une boucle parfaite. On passe de l’autre côté de la croix qui marque le sommet et on redescend vers un premier névé plus bas puis direction le long, très long toboggan jusqu’en bas. Certains passages sont rapides, on se laisse glisser dans le sable, mais les rochers sont nombreux, la descente reste assez technique et avec la fatigue et l’altitude il vaut mieux prendre son temps. L’air est chaud et sec, c’est une véritable fournaise en bas. Il nous faut encore longer la lagune pour revenir au point de départ, c’est interminable !

A noter

Eau : on a rempli les gourdes directement dans la rivière, sans problème par la suite. Il y a pas mal d’animaux dans les environs, mieux vaut la prendre le plus haut possible. C’est la seule source du parcours, prévoir au moins de quoi porter 2l chacun pour la suite, sinon plus.

Bivouac : il y a des camps possibles sur les 2 itinéraires jusqu’à environ 3500m. On préférera sans doute en bordure de rivière sur le premier itinéraire qu’au milieu de la caillasse pour le second.

A l’arrivée au centre de visiteurs, personne. On ne croisera pas un seul ranger en 2 jours. Mais il y a Starlink, de l’eau potable derrière le refuge, un abri pour le véhicule et même 2 cabanes ouvertes qui peuvent toujours être utilisées en cas de nécessité, notamment en hiver.

La piste pour accéder à la réserve depuis Chos Mallal est dans un état tout à fait correct, c’est moins le cas de l’autre côté pour redescendre sur Barrancas et il faudra rouler bien plus tranquillement. Quant à la piste qui rejoint Buta Ranquil, elle a très mauvaise réputation et est plutôt à conseiller aux véhicules tout terrain.

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