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Une pause à Caviahue-Copahue

Retour en Argentine après un détour formidable en Araucanie chilienne, on quitte les vertes vallées pour retrouver la pampa aride qui régit ce côté de la Cordillère et on se dirige vers un coin méconnu de la Patagonie, la réserve Caviahue-Copahue. Au menu : station thermale, lac turquoise et volcan actif.

Caviahue

Située à plus de 1600m d’altitude, c’est la ville principale qui abrite la quasi-totalité des logements et commerces. Un réseau Starlink est disponible dans toute la ville et un office de tourisme est ouvert tous les jours à l’entrée du village. En hiver c’est une petite station de ski sur les bords du volcan Copahue ! Le site de la réserve est assez complet sur toutes les activités possibles.

Ce qui marque à l’arrivée, c’est le magnifique lac Cavahue qui scintille au soleil, offrant des nuances bleues, vertes, émeraude… Autour quelques araucarias épars complètent le tableau de cette vallée désertique. L’eau du lac est acide et chargée de nombreux éléments qui la rendent particulièrement toxique et colorent les rives. Dans la zone, mieux vaudra éviter de se ravitailler dans les rivières.

De nombreuses petites balades sont disponibles, notamment :

  • Sentier de las 7 cascadas

Le sentier remonte le cours du rio Agrio et dévoile une succession de petites cascades au milieu des pehuens (araucarias). Le parcours est aisé et agréable, on recommande chaudement. Autour la roche basaltique offre de curieuses formes géométriques.
Après le panneau de fin de sentier, on peut même poursuivre quelques minutes jusqu’à une dernière cascade sympathique dans un petit canyon. Compter 1h30/2h A/R en prenant le temps.

  • Puente de piedra

A l’opposé est du village, un sentier suit les rives qui surplombent le lac pour accéder à une grande arche naturelle au travers de laquelle contrastent les eaux brillantes. C’est un itinéraire assez prisé, vous y croiserez sans doute plus du monde que dans le reste de la ville, exception faite des cascades. Le parcours fait 3km aller-retour. Le sol et sableux et il n’y a aucun arbre pour s’abriter. Compter 1h A/R.

  • Laguna Escondida

Départ du village pour la lagune Escondida (« cachée ») sur les hauteurs. Ça grimpe pas mal, on est abrités par les arbres. La rando offre un superbe panorama sur le village et le lac Caviahue en toile de fond. Là-haut, la lagune est toute mimi, bordée par les araucarias et le volcan Copahue au loin. Compter 1h A/R.

  • Cascada Escondida

Une petite balade depuis la route vers la station, en partie ombragée. Des panneaux explicatifs sur les araucarias sont présents. On accède à une fine et haute cascade, plutôt mignonne. Compter une petite heure A/R.

Copahue

Copahue, c’est la station thermale qui exploite les trésors du volcan. On y accède par une route de 20km de ripio discutable. Il n’y aucun habitant permanent, en hiver le village est complètement recouvert de neige et inaccessible en véhicule.

Quant au centre thermal, comme le présente si justement un commentaire iOverLander, ce n’est pas une luxueuse expérience de spa comme on en a généralement l’habitude, ça ressemble plutôt à un complexe de l’ex-union soviétique, froid et délabré. Pourtant c’est un établissement thermal reconnu où affluent les personnes âgées et malades. C’est un peu déroutant dans un premier temps, on se croirait dans des couloirs d’hôpital. Camille a l’impression de revenir au boulot.

Ne vous laissez pas berner par ces vieilles affiches dignes des années 70 !

Cela dit le village est chouette à visiter. Les bassins sont positionnés en plein milieu du village, laissant échapper des vapeurs soufrées de toute part. 2 bassins gratuits existent : laguna Verde et laguna de los Callos pour les pieds. La première nous paraît bien trop limite en température (une petite vingtaine de degrés) pour nous y risquer par un temps pareil mais on se pose volontiers dans la seconde pour siroter le maté.

Plusieurs robinets à disposition permettent de goûter aux eaux du volcan : agua de Vichy, de limon (goût acide-citronné), de soda (gazeuse), sulfurosa, ferruginesa et, bien sûr, une agua de mate ! Pour chacune, un panneau relate la température et les maux pour lesquels elle est prescrite. Evidemment on fait le tour et on se plie à la dégustation.
A consommer sans doute avec grande modération !

Quitte à avoir fait le trajet, ce serait dommage de ne pas tester l’expérience thermale alors au retour de notre ascension du volcan Copahue, on jettera notre dévolu sur le lago de los chanchos (« cochons »). Après s’être enduit de boue (argile) chaude, on se baigne 20 minutes dans le bassin (attention, c’est chronométré !). Première surprise, c’est peu profond, en fait tous les gens sont assis ou accroupis ! Deuxième surprise, c’est particulièrement chaud ! Si la température moyenne est à 32°, le sol boueux est parfois brûlant, on tâtonne pour trouver un bon emplacement. On ne sait pas si ce pataugeage aura eu les effets escomptés mais c’était une expérience bien sympa. Et le clou du spectacle, la douche chaude qui s’ensuit, après 4 jours c’est quand même agréable ! Compter 11800p pour cette expérience. Le site de l’établissement relate toutes les options possibles.

Un musée (gratuit ?) relate l’histoire de la ville mais nous n’avons pas eu le temps d’y passer.

Sur le chemin, plusieurs arrêts sont intéressants :

  • Las Maquinas : ancien complexe thermal en ruine. Des vapeurs, geysers… s’échappent de toutes parts !
  • Las Maquinitas : situé un peu plus haut et accessible depuis la route, ce sont d’autres installations en ruine d’où s’échappent de multiples fumerolles tandis que les eaux bouillonnent. Plus haut, le sol paraît instable, des trous se sont formés et des vapeurs s’échappent.
  • Installations d’extraction de vapeur. En montant à Copahue, avec la laguna Las Mellizas à gauche, la route se scinde en 2. Prendre la portion de gauche puis quelques centaines de mètres plus loin, le chemin qui part à gauche en direction des lacs. Au bout, on parvient à des installations abandonnées suite à un projet d’extraction de vapeur. Le sifflement sourd de ces machines désarticulées est impressionnant !

Volcan Copahue

Ne vous méprenez pas, le vrai artisan de cette région, celui qui tire les ficelles dans l’ombre du lac Caviahue et des bains thermaux de Copahue, c’est le volcan ! Copahue signifierait « eaux sulfurées » en langue mapuche. Le volcan est actif et a encore montré des signes en surface il y a à peine quelques mois en octobre 2024, avec des émissions de gaz et vapeurs jusqu’à 300m de hauteur.

Le Solipulli nous a permis de lancer la grande saison des volcans, que l’on suivra sur toute la Cordillère, et qui devrait nous amener à plus de 6000 mètres, au-delà des nuages… C’est en toute logique que le Caviahue et ses 2900 et quelques mètres fait office de bel apéritif.

Une piste de pur 4×4 permet de rallier le bas du volcan. Pour notre part, après avoir dormi au bord de la lagune inférieure Las Mellizas, on marchera les 5 et quelques kilomètres le long de la piste. On croise un refuge sommaire disponible à 2000m d’altitude, peu après le départ. Il peut se révéler particulièrement utile en saison hivernale. La piste s’élève gentiment, serpentant à travers les formes ondulées du Copahue. On avait prévu les tongs/serviette pour les gués dont on avait entendu parler, mais pas de trace à l’horizon. On ne va pas s’en plaindre vu la température.

Les vues sur la vallée sont superbes. Au loin on aperçoit le volcan Tromen, notre prochaine étape, et le Domuyo, toit de la Patagonie. Du côté chilien on entrevoit la Sierra Veluda et le volcan Antuco qui surmontent la laguna del Laja et le paso Pichachén

Parvenus au parking de départ, il y a déjà 2 véhicules 4×4, certains sont partis tôt ce matin on dirait. Ça commence à grimper, sur un bon sentier. On croise le départ du rio Agrio, les eaux sont tièdes. Le bon terrain de départ laisse place à des tas de sable, la progression s’en voit grandement freinée. Chaque pas doit être réfléchi pour ne pas reculer, c’est éreintant et les bâtons ne sont pour une fois pas de trop.

Après 2h, nous parvenons enfin au cratère. Il abrite une lagune blanche, laiteuse, sublime. La caldeira est immense, des fumerolles s’échappent par endroits, une petite cascade s’écoule du glacier sur le versant opposé. On prend le maté en profitant du fabuleux panorama sur la vallée. On fait aussi un petit tour au bord de la lagune, on a lu qu’on pouvait se baigner dans celle-ci. L’eau à une trentaine de degrés est riche en minéraux divers : chrome, plomb, ammoniac, arsenic… Hum, tout bien réfléchi, on va rester au sec. John trempe quand même sa main dans l’eau, elle est tout juste tiède en surface, bien loin des 30°. Peut-être le vent n’y est-il pas étranger, tant pis pour la baignade.

Nous ne sommes qu’à 2780m, le sommet est situé côté chilien et difficilement accessible. John tente de monter un peu plus haut, mais le sol est fortement incliné et se dérobe sous les pieds. On en restera là !

Le retour est bien plus rapide, on se laisse glisser dans le sable et on s’en met plein les chaussures. On prend ensuite un petit sentier qui part sur la gauche de la route et qui permet de raccorder le lac supérieur pour une boucle parfaite. Maintenant plus qu’à profiter d’une douche bien méritée aux thermes de Copahue !

Salto del Agrio

Le clou du spectacle, qu’on avait gardé de côté pour la fin. On redescend de Copahue et on poursuit sur la route 27 sans prendre la bifurcation pour Cavahue. A quelques kilomètres en aval se trouve le salto del Agrio, sans doute l’une des pépites les plus secrètes d’Argentine.

Cette cascade fait plus de 40m de hauteur. Ici, dans un cirque minéral, les eaux acides du rio Agrio entre en contact avec les roches basaltiques aux formes pentagonales, offrant un savant contraste entre l’oxyde/hydroxyde de fer, orangé, qui en résulte et le vert du humus qui recouvre certaines roches. En dessous, le bassin offre de beaux reflets bleutés pour compléter la palette.

On y passera la soirée et la nuit, seuls devant cette merveille ! John tentera même le lever de soleil, mais les premières lueurs ne parviendront pas jusqu’à la cascade. Qu’importe, la vue elle seule est déjà exceptionnelle et les couleurs formidables.

Le salto appartient à la réserve provinciale Caviahue-Copahue et son accès est donc gratuit. Il est également permis de passer la nuit sur le parking.

Bivouac

On a dormi 2 nuits au bord du lac Caviahue, au milieu des araucarias. Une zone récréative existe peu après le village en prenant la route qui monte à Copahue. Un panneau semble contre-indiquer le bivouac mais le lieu est désert et suffisamment caché de la route, personne ne viendra nous déloger.

On a également dormi sur le parking du salto del Agrio et une nuit près de la lagune Las Mellizas avant d’entreprendre l’ascension du volcan.

Peu de spots pour dormir aux abords de Copahue, le sol est instable et à notre passage le vent particulièrement présent sans aucun abri possible.

Bilan

Quelle fabuleuse parenthèse que cette région isolée et oubliée des voyageurs ! Au cœur de l’été, on aura passé près d’une semaine à arpenter les environs de la réserve Caviahue-Copahue tant elle offre une multitude d’activités et de paysages formidables. Le plus compliqué sera de s’y rendre, il n’existe semble-t-il pas de transport public pour y accéder. Ensuite, le plus dur sera d’en repartir !

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