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Une véritable Valle Hermoso

Nous venons de quitter la Patagonie, on poursuit notre remontée vers Mendoza avec un petit détour dans une vallée isolée assez méconnue des touristes. Bien nous en prendra !

Route

La route après Ranquil longe la réserve La Payunia (semble-t-il accessible avec guide uniquement, et surtout 4×4 impératif), qui avec plus de 800 volcans est l’une des régions les plus actives de la planète. Si le paysage est superbe par moments (coulées de lave, cônes volcaniques…) la route est dans un état très discutable sur plus de 100km !

Quand on retrouve enfin l’asphalte, surprise un pneu arrière est à plat. On vire la roue, sort celle de secours et seconde surprise, elle est aussi à plat. Dehors, vent et poussière pimentent cette scène de profond désarroi.

La roue de secours avait pourtant été réparée quelques jours plus tôt (avec une chambre à air), on aurait dû vérifier ! On décide de remettre la roue crevée et on se congratule d’avoir acheté un compresseur il y a quelques semaines. A Bardas Blancas, une gomeria (garage spécialisé dans les pneus) nous remet tout ça en place. On a dû rouler longuement avec le pneu crevé sur le ripio et cela l’a considérablement détérioré, ils nous déconseillent de le remettre comme roue principale. Seconde auto-congratulation pour avoir acheté un pneu de secours avec le compresseur lors de notre passage au Chili.

Il est tard, on décide de rester dans le camping du village, notre premier hébergement en 2 mois d’Argentine ! 4000/p, 1000 pour internet, et de l’eau chaude, l’offre est plus que raisonnable même pour un bled perdu !

En revanche on fait face à des meutes de taons pendant plusieurs heures. On les avait entrevus dernièrement à El Chalten ou au parc Perito Moreno, dans les zones arides en cours de journée (avec la chaleur), mais jamais en aussi grand nombre. Ce sont des dizaines d’insectes voraces qui nous marquent sur les jambes, bras, mains, ils nous attaquent même au visage ! Les piqûres sont douloureuses et les démangeaisons dureront plusieurs jours et nous réveilleront en pleine nuit… Une véritable plaie en Patagonie pendant l’été. Heureusement, les tabanos disparaissent avec la fraîcheur du soir pour ne faire leur retour qu’en milieu de journée.

Le lendemain on passe par Malargüe, grande ville agréable où l’on refait le plein de provisions et de carburant, puis direction la station de ski Las Lenas via une route pavée en parfait état. En chemin on croise les pozos de las animas (« puits des âmes »), une curiosité géographique. Ce sont 2 immenses cavités constituent une doline formée par dissolution de la roche. C’est impressionnant et on peine à prendre une photo tant elles sont immenses.

Valle Hermoso

La suite de la route est superbe, des montagnes sculptées et colorées décorent la vallée. A la station, on poursuit en direction de Valle Hermoso (« belle vallée ») via une piste plutôt correcte.

Les vues sont toujours folles et on atteint le fabuleux mirador de la vallée à 2700m d’altitude. Le chemin sinueux qui descend est d’un autre acabit : poussière, cailloux, il est aussi particulièrement abrupt !

On aperçoit le lac de la vallée, au pied des montagnes, malheureusement son accès est strictement réservé au camping (8€/p la journée, 12€/p pour la nuit).

Notre plan est de partir bivouaquer pour les thermes de Cobre, à 5km du lac. Il faut franchir plusieurs gués et traverser la vallée en direction du nord. On fait les sacs et on s’élance depuis le camping. OSM semble indiquer des pétroglyphes sur le chemin. Il n’y a aucun dénivelé sur l’itinéraire alors évidemment John a trouvé comment en ajouter un peu. On grimpe les collines jusqu’aux potentiels dessins mais nous ne trouverons rien.

Tant pis, on redescend vers la rivière. Elle est large et le courant particulièrement puissant. On longe le cours d’eau à la recherche d’un passage plus propice jusqu’à trouver une zone où le lit de la rivière se sépare en plusieurs tronçons. On passe les 2 premiers plutôt aisément mais on est dubitatif sur le dernier. John laisse les électroniques à Camille et s’élance. Le courant est fort, trop fort, l’eau lui parvient quasiment à la taille. En outre, les rochers sont volumineux et extrêmement glissants. Mais à mi-chemin, pas question de faire demi-tour !

Une première tong se dérobe et est emportée par le courant, la deuxième suit, et voilà John qui chute une première fois dans l’eau, se relève, et est emporté de nouveau sur plusieurs mètres. Il réussit à s’extirper et à revenir sur la rive. Camille lui prête ses tongs pour retraverser et rebelote, les voilà qui s’éloignent avec le courant. Cette fois, pas question, il enfile les baskets et court les rattraper. Ouf, c’est toujours ça de sauvé. Une paire de tatanes et une gourde emportées, les affaires de bivouac sont humides, cette expédition est un cuisant échec !

Toutefois on ne s’avoue pas totalement vaincu, on revient à la voiture qu’on avait d’ailleurs laissée grande ouverte… et on part chercher un autre passage pour retenter le lendemain. On revient en arrière sur la route et on prend le chemin peu après la descente du mirador qui se dirige vers la rivière. C’est turbulent mais ça passe, malheureusement on aperçoit plusieurs gués conséquents plus bas ; demi-tour et retour vers le camping puis on poursuit le long de la piste.

Quelques spots charmants sont disponibles le long du ruisseau qui naît du lac. On va tout de même jeter un œil du côté de la grande rivière qui nous aura coûté notre bivouac du jour. Mais en bas il y a bon nombre de pick-ups qui ont déjà élu domicile pour le week-end et le chemin est bien trop cabossé. Retour à l’un des spots du ruisseau ! La vue est superbe, un petit bassin est aménagé dans le cours de la rivière, on a la visite de tous les animaux du coin : vaches, chevaux…, et on profite d’un sublime coucher de soleil !

Nouveau jour, nouvelle chance. On part cette fois avec les chaussures d’eau, les bâtons et un sac très léger. On parvient à franchir la rivière, non sans difficulté. Le plus simple reste quand même de se laisser emporter par le courant jusqu’à l’autre rive.

Thermes

S’ensuit une bonne heure à traverser la vallée, faite de sable, cailloux, ruisseaux asséchés et plantes coriaces. Après quelques kilomètres, on parvient enfin aux thermes et il n’y a personne ! C’est un grand bassin ocre et bouillonnant. Autour le sol est blanc et craquelé, comme une croûte de sel. On trempe les pieds, malheur l’eau est beaucoup trop chaude ! On teste à plusieurs endroits mais rien n’y fait, nous sommes incapables de maintenir la main plus de quelques secondes… Déçus mais on en rigole, toutes ces aventures pour ça !

Plus loin, on aperçoit une autre zone colorée de blanc et aux colorations ocres, de l’autre côté de la rivière. John tente le coup et part jeter un œil. Cette fois, la traversée est plutôt aisée, il y a moins de courant et pas de mousse sur les rochers. Et puis les chaussures sont déjà trempées. Et soudain, victoire, un autre bassin aménagé ! L’eau est un peu boueuse mais la température agréable avec une trentaine de degrés. On aperçoit des pierres disposées à une dizaine de mètres, on s’avance sur boue argileuse parsemée de croûtes de sel et on parvient à 2 nouveaux bassins. Le premier est un petit bain de boue d’une bonne trentaine de degrés, l’autre un grand bassin proche des 40° !

On passera la journée là-bas, alternant quelques minutes dans le bassin très chaud, de longues heures dans le bain de boue, et de courts passages dans la rivière fraîche ! Autour, les vues de la vallée sont formidables, quel endroit exceptionnel !

Après quelques heures seuls dans ce petit paradis soufré, on croisera un petit groupe de 3 personnes et un 4×4 argentin venu profiter d’un barbecue en famille. Il vaut mieux avoir un sacré véhicule pour passer les gués et les champs de cailloux. D’ailleurs ils ont perdu leur plaque d’immatriculation en chemin ! Elles ne sont fixées qu’en haut contrairement aux chiliennes, et on fera le même constat aux inondations à Salta, au moindre passage de rivières elles se relèvent et finissent par être arrachées.

Retour en fin de journée à la voiture, baignade dans le ruisseau et bivouac presque seuls au monde le dimanche soir.

Bilan

Encore une trouvaille par hasard en trifouillant sur iOverLander, et quelle trouvaille ! Le lieu est magnifique, fréquenté uniquement des argentins en période de vacances. Il est néanmoins impossible d’y accéder sans son propre moyen de locomotion. Prévoyez 2-3 jours pour profiter de cette vallée, randonner et se détendre aux thermes. En hiver, l’endroit (sans doute accessible uniquement en skis/raquettes) doit également être formidable, tout de blanc vêtu.

On serait bien resté quelques jours de plus pour randonner dans le coin, malheureusement nous sommes attendus à Mendoza. Au programme, repos et découverte des cépages argentins !

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