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Aventures au parc Torotoro

Route

On prend enfin la route en direction du sud. Les paysages sont superbes, les roches sont colorées et offrent diverses nuances au travers des states sédimentaires. La route est asphaltée et en parfait état, elle n’a que quelques années puisque des commentaires pas si lointains évoquent une piste très dangereuse. Tout au long du trajet on esquive des rochers et pans de terre écroulés, la maintenance de cette route doit sans doute coûter une fortune. D’ailleurs à plusieurs reprises, elle a même disparu, laissant place à une nouvelle piste qui contourne la zone affaissée.

On parvient à Sucusuma avant la nuit, on prend le début de l’ancienne route qui menait auparavant à Torotoro et on s’arrête sur un spot en bordure de champ. Il ne restera que quelques kilomètres pour atteindre le village.

Quand on y parvient au matin, coup de chance on tombe sur le ramassage des poubelles, chaque habitant sort de chez lui pour jeter ses sacs dans le camion, on peut enfin se débarrasser des nôtres. Pas toujours simple de trouver une poubelle ici… La dernière fois que John a demandé à un local, la réponse fit froid dans le dos : « ahi, en la pampa » (« là-bas, dans la pampa »).

Village et parc national

On arrive dans le village de Torotoro, centre du parc national éponyme. C’est un parc assez délaissé de la plupart des voyageurs, sans doute parce qu’il est un peu à l’écart et qu’il est longtemps resté difficilement accessible. Il regorge de nombreuses empreintes de dinosaure, grottes, formations géologiques…

La Bolivie nous a souvent habitués à des parcs nationaux sans aucune maintenance, la concurrence des prix de chaque agence et des tours qui font un peu ce qu’ils veulent (Uyuni, Sud-Lipez…). Suffisamment rare pour être souligné, le parc Torotoro est très réglementé et administré localement. Un bureau de guides accrédités par le parc existe au centre du village et une grille tarifaire fixe les prix des tours ! Ce n’est pas forcément donné, notamment pour nous qui n’en avions fait aucun jusque-là, mais ça a le mérite d’être cadré et on se dit que pour une fois, l’argent va où il est censé aller.

Le «sachiez-vous» ?

Empreintes de dinos, peintures rupestres, formations géologiques… Il y en avait des raisons pour classer la zone comme protégée, pourtant c’est un perroquet en voie d’extinction, l’ara au front rouge qui en est à l’origine ! A vrai dire, tout le monde en a presque oublié la raison, on n’a pas vu une seule mention de cet oiseau sur place…

Le parc a été créé en 1989 et occupe plus de 15 000 hectares entre 2000 et 4000m d’altitude, une faune et flore caractéristique, et moult trésors géologiques. Le nom provient de thuru thuru qui signifie « boue » en langue quechua. C’est dans cette boue, fossilisée avec le temps, que les empreintes des dinosaures ont pu se conserver.

Restaurant

Le premier soir, on se fait plaisir. Un petit restaurant sur la place a bonne réputation, il est tenu par un suisse et forcément… propose à la carte tartiflette et raclette ! La petite terrasse intérieure est charmante, on prend une bière locale et on jette notre dévolu sur la tartiflette. Après les multiples fondues improvisées à l’arrière du van et celle de Bariloche, après la raclette de Cafayate, c’est au tour de la tartiflette, notre première du voyage ! Et on n’est pas déçus, pour 60bs (environ 6€) elle est super et ferait tout à fait illusion sur une table savoyarde !

Compter un peu plus pour une raclette : 90bs

On discute un peu avec le serveur, très accueillant, qui nous pose des questions sur le voyage et nous propose de faire une lessive chez lui si nous en avons le besoin.

A la sortie, on croise un couple français avec qui on se donne rendez-vous le lendemain pour le canyon Vergel. Il est temps maintenant de trouver notre lieu de bivouac, on sort du village par une piste plutôt incertaine. Il fait nuit et on ne repère pas forcément de lieu propice ; on décide de faire demi-tour et voilà qu’on plante le van au milieu de la descente, le réservoir sur un rocher. On met quelques cailloux devant les roues, un petit coup d’accélérateur et hop on sort la voiture de ce mauvais pas. A priori pas de fuite, on verra bien demain matin. On se pose en bordure de chemin, ce n’est pas le terrain rêvé mais on ne dérangera personne.

Activités

En réalité, une multitude de trails et activités sont possibles au sein du parc. Dans les faits, le guide étant obligatoire et les personnes réalisant les principales excursions, il est compliqué de pouvoir découvrir d’autres zones moins connues sans payer une visite privée…

Ciudad de Itas

On arrive tôt le premier matin, aux environs de 7h, au bureau des guides pour trouver un groupe avec qui partager une excursion. 4 personnes attendent déjà sur place, un échange de regard suffit pour former le groupe. L’un d’eux a déjà fait le tour du canyon hier, on s’accorde donc tous sur le tour incluant la cité de pierre et la grotte.

Le guide nous informe du prix à se partager en fonction du nombre de personnes, nous demande si on a prévu le casse-croûte ou si on souhaite revenir se restaurer au village à midi, et c’est parti. Tous dans le 4×4 et on prend une piste qui s’élève haut dans les montagnes, offrant des vues sublimes de la région.

Une fois parvenu à destination, on abandonne la voiture pour une balade au milieu des formations rocheuses. Le guide nous présente d’indiscernables peintures qui auraient été réalisées par leurs ancêtres qui peuplaient la région et se réfugiaient parfois à l’abri de cette cité de pierre qui tient donc son nom tant de ses formes que de l’usage qui en fut fait par le passé.

On traverse plusieurs couloirs parfois exigus (ne mangez peut-être pas la tartiflette avant), un vrai dédale d’immenses rochers. La balade est sympathique et certaines scènes particulièrement photogéniques.

On parvient ensuite à l’extérieur où plusieurs bassins se sont formés à la surface et on fait face à un beau canyon verdoyant, symbole de la tectonique des plaques qui a forgé la région.

Un peu plus tard, c’est le moment classique des formes de rochers. Celui qui ressemble à un animal, celui qui s’apparente à un bateau… On descend dans un petit canyon où poussent quelques arbres et qui abrite de magnifiques cavernes où la lumière du soleil pénètre pas de fines brèches. De la mousse prend un aspect doré selon l’orientation.

Caverne de Umajalanta

On redescend en direction du village et on passe un checkpoint pour accéder à la caverne de Umajalanta.
Petite balade pour atteindre l’entrée, le guide nous montre des empreintes de dinosaure en chemin. On ne les distingue que vaguement, elles sont partiellement recouvertes de sable.

On s’arrête à une maisonnette pour récupérer casque et lanterne qui sont inclus dans le prix. On peut aussi louer des vêtements de protection si on le souhaite.

Descente à la grotte, quelques vizcachas fuient à notre approche. L’entrée est immense et on s’engouffre déjà  dans les sombres profondeurs de la caverne.

On observe de nombreuses formations rocheuses : stalactites, stalagmites et autres colonnes, mais aussi de petits bassins formés par l’eau ruisselante. A un moment le guide nous propose d’éteindre les frontales et de profiter de quelques minutes dans le noir le plus totale à entendre les simples ruissellements de l’eau.

On arrive au bout de cette sortie spéléo avec une cascade intérieure et une petite piscine (glaciale) ou l’on peut se baigner. A vrai dire, un peu la flemme sur le moment, on laisse ça aux p’tits jeunes du groupe.

Attention, claustros s’abstenir ! Les guides ne l’évoquent à aucun moment (du moins, avant qu’on y soit…) mais certains passages sont très très ténus. On est forcé à plusieurs reprises de ramper voire se contorsionner pour passer dans de fines brèches, tout ça dans une pénombre totale. Même Camille panique en croyant rester coincée à un passage particulièrement compliqué.

Canyon Vergel

Deuxième jour, départ pour le canyon Vergel ! On retrouve nos 2 français avec qui on s’était entendu la veille, et c’est parti pour un peu de marche afin de rejoindre le canyon. On parcourt de petites prairies sèches où l’on observe de nombreuses petites fleurs en cette fin de saison des pluies. En cours de route, le guide nous montre de nombreuses empreintes de dinosaure. A vrai dire, une infime partie est réellement visible, il y en aurait plusieurs milliers ! Le parc aurait fait le choix de laisser la nature agir et de ne pas déterrer manuellement les empreintes.

En revanche, il n’y a que peu d’ossements, les dinosaures n’ayant pas vécu dans la région mais s’y seraient seulement déplacés lors d’une migration. Les traces de pas se sont formées dans l’épaisse couche de boue qui recouvrait la zone et celle-ci se serait peu à peu fossilisée pour conserver ces précieuses marques du passé !

On aperçoit de nombreuses empreintes sur le sol, de différentes tailles et formes, c’est impressionnant, on croirait presque à un canular !

On rejointe le haut du canyon et on prend un sentier escarpé pour descendre jusqu’à la rivière. On doit retirer les chaussures à plusieurs reprises pour traverser. On prend ensuite un sentier pour longer la suite du canyon avant de redescendre complètement au bord de l’eau.

Cette fois, on continue à même  le rio, en marchant (voire sautant) de rocher en rocher. C’est plutôt fun, un peu casse-gueule, on se croirait de retour à Alpehue, quelques mois plus tôt.

La balade dure quelques heures et on parvient en début d’après-midi à une jolie cascade … où l’on fait une pause pour se restaurer et surtout se rafraîchir ! L’eau est plutôt frisquette mais on profite avec plaisir de cette baignade.

Il est temps de remonter en haut du canyon, ça grimpe dur et on parvient à un mirador où l’on peut apprécier les différentes strates et sédiments qui composent les falaises.

Bilan

Nous sommes tombés sous le charme de ce petit village loufoque et de ses environs. La région est magnifique et regorge de multiples trésors géologiques et paléontologiques, et proposent des activités assez rares dans ce cadre magique. On a bien du mal à imaginer en France de la spéléo sans aucune consigne ni équipement de sécurité (hors casque) !

Pour les familles notamment, c’est un lieu à ne pas manquer !

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