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Torres del Paine

Circuit O

Le O correspond à la boucle intégrale autour du massif du Paine qui se réalise en 8-10 jours. Elle comprend la partie nord qui elle n’est pas comprise dans le circuit W, le plus populaire.
Cette boucle est plus réglementée, un seul sens est autorisé (anti-horaire) et la CONAF vérifie à plusieurs checkpoints la réservation des refuges suivants et la barrière horaire.

Récit

J1: Centre de bienvenue => Camping Seron

13km, 250D+
5h prévues / 4h effectives

On arrive en cours de matinée, la première étape est tranquille. Il n’y a quasiment plus de place dans le parking, heureusement on trouve un coin pour poser le véhicule pour les 8 jours à venir. On vérifie une dernière fois les sacs et c’est parti !
Aucun panneau au départ, on est déjà redirigé 2 fois alors qu’on n’est même pas encore sur le sentier, ça commence bien. Cette fois, c’est la bonne, on trouve le panneau indiquant la direction du camping Seron, où nous passerons la première nuit. On commence à monter tranquillement vers l’est, le sentier est des plus évidents (piquets jaunes). On croise quelques rivières pour se ravitailler en eau. On picore quelques chauras sur le passage, ce sont des baies rosées gorgées d’eau, avec néanmoins assez peu de goût, mais bon c’est gratos. Il n’y en aura plus sur la seconde partie de journée, faites des réserves ! Les baies de calafates ne sont encore pas sorties à cette époque malheureusement.

La première partie est assez ombragée puis on parvient à un beau point de vue sur la vallée que l’on va suivre, parcourue par le rio Paine. On descend le long et on le suit jusqu’au campement, cette fois sous un soleil de plomb. On profite quand même d’un pique-nique (on en a prévu que pour les 2 premiers jours !) au bord de la rivière, petit saucisson fromage comme à la maison.

Parvenus au campement, le check-in est un peu long, il faut montrer les passeports et les PDIs remis à l’entrée sur le territoire. L’unique bâtiment est assez petit mais dispose de prises pour recharger les appareils électroniques. Ils vendent aussi quelques rares boissons ou snacks, à prix exorbitants (6€ la canette de Patagonia, qu’on achète généralement autour de 1,3€).

La douche chaude est appréciable, le lieu est fort sympathique. Pour cuisiner en revanche, un vulgaire barnum est mis à disposition, ce n’est pas forcément glamour mais on est abrité.

J2: Camping Seron => Camping Dickson

18km, 350D+
6h prévues / 5h effectives

Cette nuit, la température est bien redescendue, la rosée a trempé la tente et on a eu un peu froid dans les duvets 0. Ceux qui ont le petit-déjeuner inclus ou la tente prémontée sont déjà partis, nous sommes quasiment les derniers à 9h30. On part pépère en suivant le rio puis après une lagune, un bon coup de cul pour accéder à la vallée suivante. On est très exposé, le soleil est intense. On redescend dans cette nouvelle vallée, le chemin sera plat pour le reste de la journée. A mi-parcours, on atteint le checkpoint de la CONAF à Coiron. Ils vérifient nos réservations suivantes pour les refuges Vertice (il est impératif de les télécharger/imprimer en amont !) et l’heure de passage. Certains doublent l’étape du jour et devront passer le prochain campement avant une certaine barrière horaire. En revanche, on ne nous demande pas le ticket d’entrée au parc.

On repart et on commence à entrevoir sur la gauche les tours granitiques qui composent le massif du Paine. Face à nous, le glacier Dickson, immense, étincelant sous les rayons du soleil, nous montre la voie. On alterne les passages en plaine et plus rafraîchissants en sous-bois. Des rivières fréquentes nous permettent de ne transporter qu’un minimum d’eau sur nous. A l’arrivée, point de vue fabuleux sur le camping Dickson, le lac et le glacier du même nom.

Nouveau checkpoint CONAF et on pose la tente au beau milieu de la prairie et des chevaux. Les équipements sont bien meilleurs que la veille (pourtant à 22€ la nuit contre 80) : cuisine en dur (avec prises électriques), tables abritées, plusieurs toilettes, un mini-market (3€ les pâtes, 3€ la canette de soda, 5€ la bouteille de gaz…). Un resto/bar est même présent. Il est encore tôt, on joue aux cartes, profite d’une nouvelle douche chaude et discute Argentine avec d’autres lyonnais, les « gentil baroudeurs ». Juste derrière, une petite plage offre une vue sur le glacier pour les amateurs de lever/coucher de soleil.

J3 : Camping Dickson => Camping Los Perros

12km, 470D+
4h30 prévues, 4h effectives

Petit-déj tranquille, à l’abri, beaucoup sont déjà partis. Le parcours du jour sera majoritairement dans les bois, on remonte doucement la rivière jusqu’au glacier Perros. En chemin on croise coigues, chauras, gyromitres et morilles. Là-haut, un mirador offre une superbe vue sur le glacier se déversant dans une lagune. Il est tout proche et on entend les craquements de la glace. Le vent est puissant et glacial, on décide de poursuivre jusqu’au campement à quelques centaines de mètres pour monter la tente et déjeuner.

A l’arrivée, nouveau poste CONAF. Pas de vérification des réservations cette fois, pas de bonjour non plus, le garde nous avertit que le départ le lendemain est à 7h grand max !
On rechigne un peu, on aime bien se lever tranquillement, d’autant qu’en consultant la météo à l’accueil celle-ci semble bien plus clémente en cours de matinée qu’à l’horaire qu’ils nous imposent. La barrière horaire pour atteindre le camp Paso après le col, est à 14h. On analyse le topo, rien ne justifie un départ aussi précoce. Bref, on va réfléchir.

Le camping est caché dans les bois, il fait froid, très froid, la douche également (nous ferons l’impasse ce jour-là). Heureusement, la cuisine est abritée, on y passera l’après-midi avec toutes nos couches de vêtements, à attendre le dîner. On se fait un chocolat chaud pour se donner un peu de baume au cœur et on joue aux cartes. Repas de fête, on cuisine les morilles cueillies sur le chemin, elles accompagneront à merveille le velouté d’asperge. On se couche tôt, et on met le réveil à 6h, craignant qu’on nous interdise le départ si nous dépassons l’heure imposée.

J4 : Camping Los Perros => Camping Grey

14km, 850D+
11h prévues, 7h effectives

Aujourd’hui, c’est la grande étape du circuit, tant redoutée par certains. La nuit a été très mauvaise. Glaciale, venteuse, on a bien tenté un échange de duvets en cours de soirée, mais ce fut un échec, Camille est restée frigorifiée. Le réveil à 6h n’arrange rien ; il fait encore nuit, le froid complique le pliage de la tente. Pour une fois, on s’est quand même organisé et on peut jouir d’un chaleureux petit-déjeuner avant de partir. Soudain, le garde CONAF surgit dans la cuisine et d’un ton autoritaire exige que l’on quitte le camping dans les plus brefs délais. Il n’est que 6h50, on se croirait à l’armée. On fait la moue et on s’élance sur le sentier.

La première partie dans les bois est boueuse, on joue les équilibristes entre les bouts de bois. A la sortie, les rafales de vent ne nous quitteront plus pour les prochaines heures. Le terrain est rocailleux à souhait, on grimpe dur en direction du paso, masqué par la brume. De beaux glaciers de part et d’autre illuminent cette ascension, tandis que l’on traverse de longs névés. On rattrape rapidement les autres groupes, qui peinent dans la neige, glissent, et titubent sous les puissantes rafales.

On parvient alors au paso Gardner, le toit de ce trek à 1200m. Nous aurons mis moins de 2h, très loin du temps annoncé par la CONAF.
Face à nous, le glacier Grey, immense, immaculé, s’étend à perte de vue. Notre première mer de glace ! Le vent nous ramène rapidement à la réalité ; transie, Camille est incapable de sortir son appareil. Mais John insiste, il en a déjà vécu des moments comme celui-ci, et il regrette de ne pas en avoir profité, malgré le froid et la douleur. On s’arrête, on essaie de se réchauffer comme on peut, et on contemple cette œuvre folle.

On retrouve alors la forêt, et une sacrée descente. Nous sommes désormais abrités du vent et le soleil commence même à se montrer. Nous parvenons au refuge Paso, fermé depuis quelques années. Il n’est que 11h, nous sommes bien en avance de la barrière horaire, et on aperçoit le précédent paso, au soleil. On maudit une nouvelle fois la CONAF, et on poursuit la route en longeant le glacier. C’est fabuleux, on reprend cent fois des photos à chaque nouvel angle de vue.

De grandes passerelles permettent de passer d’imposantes combes, ça tremble pas mal, il vaut mieux ne pas avoir le vertige. Quelques semaines plus tôt, l’une de ces passerelles était en rénovation et il fallait passer au moyen d’une tyrolienne gérée par des guides (et facturée 20€ par personne…).

Les derniers kilomètres sont un peu longuets à travers les bois. Lorsque nous parvenons au camping Grey, à 15h, c’est un tout autre monde qui s’offre à nous. Fini la tranquillité, le petit groupe du circuit O, où chacun se connaît, se salue sur la route. Le refuge est immense, il n’y a pas un seul espace qui n’est pas occupé par une tente. La douche est très chaude cela dit, mais la cuisine fait la même taille que les jours précédents pour au moins 5 fois plus de monde. Certains dînent à 16h, tant mieux ça fera de la place ! On profite du chocolat chaud quotidien et on fait la rencontre de 2 jeunes françaises, Amélie et Constance, avec qui on partage bons plans et anecdotes. On les recroisera à Ushuaia quelques jours plus tard. Ouhla déjà 22h, on fait des folies !

Circuit W

A partir de ce point, on rejoint le circuit W qui lui n’a pas de sens défini et peut se parcourir assez librement.

J5 : Camping Grey => Camping Paine Grande

11km, 350D+
3h30 prévues, 3h effectives

On a consulté la météo la veille et de la pluie est annoncée à partir de la fin de matinée. On se réveille tôt cette fois, à 7h, c’est déjà plus agréable quand il n’y a pas de garde pour nous rugir dessus (ok on radote). On a fait une cueillette de chauras la veille, on les ajoute dans le bol de céréales pour une petite touche de fraîcheur. L’itinéraire du jour suit le lac Grey jusqu’au refuge de Paine Grande, le plus grand du parc. Le sentier est vallonné, mais c’est plutôt une journée de repos. Les vents sont violents à certains passages. A mi-chemin, on dit adieu au glacier Grey tandis que les randonneurs arrivant dans l’autre sens le découvrent, médusés. On observe quelques icebergs réfugiés dans une crique puis le lac Pehue aux abords du campement.

Le temps est couvert et le lac moins coloré qu’à l’accoutumée. La pluie commence, on se dépêche de trouver un emplacement décent, à l’abri derrière la colline, et on se réfugie rapidement dans le grand espace de vie à disposition. Il n’est même pas midi, on y passera tout le reste de la journée tandis que la tempête fait rage dehors. La douche est tiède, paraît-il, on ne se risquera pas avec cette météo. Après une bonne plâtrée de pâtes, on lance une énième tisane avant de partir se coucher. Mauvais timing, un français met le feu à sa casserole, d’autres réagissent et déclenchent les extincteurs. La cuisine restera fermée pendant 2h le temps d’inspecter et nettoyer le bazar.

J6 : Camping Paine Grande => Vallée Francés => Camping Francés

21km, 835D+
7h prévues, 6h30 effectives (2h jusqu’au refuge Italiano, 4h pour la vallée, une demi-heure jusqu’à Francés)

La seconde étape majeure du circuit ! Il a plus toute la nuit, le vent n’a lui pas cessé. Cela dit, on a plutôt bien dormi, enfin. En route pour le refuge Italiano à quelques 7kms. En chemin, la pluie commence, le vent nous fouette le visage, on ne profite guère de la première partie. Heureusement, on avait pu profiter du magnifique lac Pehue avant le trek, depuis le mirador Condor. Le soleil refait son apparition et on peut admirer le lac Skottsberg. Une fois à Italiano, on peut poser les sacs (enfin !) et attaquer la vallée. Elle semble prise dans les nuages mais on tente le coup. On évoque déjà l’idée de la retenter tôt le lendemain si aucune éclaircie ne se produisait.

La vallée fait 11km en aller-retour, elle est souvent boudée par les randonneurs. On a l’impression de voler sans notre gros sac, on parvient rapidement au premier mirador. Le glacier est beau mais le temps (il neige !) ne permet pas de l’apprécier comme il se doit, on profite tout de même d’un bloc qui s’en détache avec fracas. On poursuit et atteint le dernier mirador Britannico, au centre d’un grand cirque. L’éclaircie espérée est là, nous qui redoutions un nouvel épisode du Cerro Castillo. La vue à 360° est splendide : glacier, tours de granit, sommets enneigés, cela valait bien le détour.

A la redescente une nouvelle éclaircie nous permet d’admirer le glacier, le pari est un succès. On récupère notre sac à Italiano et on rejoint rapidement le campement Francés. Au beau milieu de bois pentus, la tente doit être fixée sur une plateforme de bois. La nôtre n’est pas autoportante, c’est un peu la galère à faire tenir, heureusement qu’il n’y a pas de vent. John profite de la douche chaude la plus longue de sa vie, et on se réfugie quelques minutes à la chaleur de la petite cafétéria. On voit beaucoup de monde avec un verre de vin, il est offert pour les personnes qui louent une tente. Tant pis pour nous, on rejoint les pauvres dans une petite cabane pour cuisiner. Si elle est à l’abri du vent, elle ne ferme pas et la température est glaciale. A l’accueil, ils sont incapables de nous dire si on peut cuisiner au refuge suivant, on prépare donc aussi les pâtes pour le lendemain.

J7 : Camping Francés => Camping Chileno

16km, 715D+
7h30 prévues, 5h effectives

La tente ne s’est pas envolée et on a bien dormi, une belle journée s’annonce. On suit le lac, succession de montées/descentes, passage sur la plage du lac Nordenskjord, et traversée du campement Cuernos, où l’espace de vie semble bien plus chaleureux que le nôtre de la veille. Derrière on aperçoit les glaciers de la vallée Francés, quand devant se profilent les cuernos de granit qui font la renommée du massif.

La suite est assez boueuse et on essuie des hordes de touristes fraîchement débarqués dans les bus de 9h. Pas de salutation, aucune cordialité, on patiente longuement sur le côté pour ne pas être bousculé. On est pressé d’arriver mais il reste encore du dénivelé jusqu’au refuge Chileno. Tandis que l’on s’élève, toute la plaine de Torres se dévoile. Face à nous, au contraire, la vallée se réduit en un canyon, et on arrive au dernier refuge du circuit, le Chileno. L’accueil est moderne, impeccable, derrière le restaurant/bar a des allures de chalet alpin, des centaines de personnes se prélassent au soleil, on est bien sur la portion phare du parc. On découvre une nouvelle plateforme sur laquelle on attache tant bien que mal la tente. Il n’y a que 4 emplacements libres dans tout le campement ! D’autres voyageurs sans réservation ont tenté le coup mais c’était peine perdue, ils ont dû redescendre au camping Central. Sans une réservation X mois à l’avance, n’espérez pas pouvoir poser votre tente.

On nous apprend que le réchaud peut bien être utilisé depuis cette année, on s’est encore fait avoir par les infos officielles. Un incendie s’était déclenché à l’époque suite à un souci de réchaud, ravageant des hectares entiers de forêt. Cela dit, il faut cuisiner dans la petite pièce qui sert d’accueil et qui devient rapidement bondée, on est plutôt contents d’avoir déjà notre tupp préparé de pâtes froides sans aucun assaisonnement. La douche est chaude et on en abuse volontiers. Un couple de français, Olympe et Tony, qui nous accompagnent depuis le début du circuit O nous invitent à boire un coup avec eux. La coupe de vin est bonne et remplie à ras bord, à 6 balles c’est un rapport qualité-prix plutôt décent. On discute un peu ; passionnés de rando, ils sont venus exclusivement au Chili pour ce trek, et sont passés par une agence de voyage qui leur a réservé les différents refuges et assuré toute la logistique. Mais trêve de bavardage, il tape ce vin, et surtout une courte nuit nous attend !

J8 : Camping Chileno => Mirador Torres => Centre de Bienvenue

14,5km. 640D+
5h30 effectives

Le réveil sonne, il est 3h15. La météo annoncée n’est pas reluisante, mais nous gardons le plan de départ. Dehors, des lumières s’agitent de toute part. On s’habille rapidement et on laisse tout le reste sur place. Frontale en place c’est parti pour le lever de soleil.
Il fait frais et les muscles sont encore endormis. Cela serpente tranquillement à travers les bois, on monte et redescend pour traverser la rivière. Au passage, on trébuche sur quelques racines. Une montée abrupte caractérise la dernière partie, où l’on rattrape les premiers groupes. On parvient au mirador à 5h, assez tôt pour profiter du panorama nocturne et se positionner.

Le ciel est toujours couvert, on comprend rapidement que le lever de soleil ne se produira pas. Qu’importe, l’essentiel est ailleurs, nous serons allé au bout de ce trek, forts de nos convictions. On admire la laguna Torres, surmontée des mythiques cornes de granit.

On se refroidit, il est temps d’y aller. On plie le campement en vitesse, jouit d’un café réconfortant avant d’amorcer l’ultime redescente. Elle sera longue, presque interminable. On est si pressés de retrouver le van, la ville, un lit chaud et réconfortant. On rêve de bons plats, d’une petite bière. Autour, des centaines de randonneurs se pressent sur les chemins, de la poussière et du bruit. Ce n’est pas la partie qu’on retiendra.

Parvenus au centre de bienvenue, le van démarre, c’est un premier soulagement. Camille en oubliera ses bâtons sur le parking. Le retour est encore long, la route est en travaux, on mettra 2h pour rejoindre Puerto Natales. Le soir, nous jouirons d’une super pizza-bière au restaurant Napoli.  La boucle est bouclée.

Alimentation

Nous avons fait 7 nuits avec notre propre tente et géré tous nos repas.
Nous avions emmené 2 bouteilles de gaz, une grande et une petite de secours, mais la grande a suffi amplement, sachant qu’on se faisait aussi chauffer une boisson dans l’après-midi et après le dîner.

Pour le petit-déj, nous avons emmené :

  • Chia
  • Mélange maison : flocons d’avoine, bananes séchées, raisins secs, amandes
  • Lait déshydraté
  • Café instantané

On ajoute un peu d’eau à la chia pour qu’elle gonfle, puis le mélange de céréales et le lait ou eau chaude + cacao pour Camille. On a un peu fait à l’œil, mais grossièrement un bon bol chaque matin nous aura suffi pour la journée.

Pour les dîners :

  • 3x400g de spaghettis
  • 3x400g de cheveux d’ange
  • 1 boîte de thon en huile
  • 6 crèmes déshydratées
  • Mélange d’aromates maison (oublié dans le van) : sel, poivre, merken

Grand classique, rapide et économique, on a opté pour des pâtes en crème chaque soir. Les spaghettis sont les moins volumineux quand les cheveux d’ange sont les moins coûteux en gaz. Les crèmes déshydratées permettent d’obtenir une vraie texture contrairement aux soupes, plus ou moins onctueuse selon la quantité d’eau que l’on ajoute. On mange généralement les 2/3 d’un paquet de pâtes (400g au Chili) par repas, donc 3 paquets nous font 4 dîners.

Pour le dernier jour, où il était indiqué (à tort) qu’on ne pouvait pas cuisiner, nous avons fait cuire les pâtes la veille (on avait emporté un tupperware) et on a ajouté le thon.

Pour le pique-nique, on a seulement pris pour les premiers jours :

  • Pain de mie
  • Saucisson
  • Fromage sec

Encas :

  • 1 barre de céréales par j/p
  • Cacao en poudre
  • Tisanes

Étant assez habitués à la rando et conscients de nos besoins, on a globalement fait l’impasse sur la plupart des déjeuners et emporté peu d’encas. Dans les faits, on n’aurait pas dit non à grignoter un peu plus, mais il faut le trimballer, ou l’acheter à prix d’or une fois sur place.

Équipement

Pas de surprise, on s’en est tenu au matos classique. Un trek de 2 ou de 8 jours nécessite les mêmes affaires, voire moins ; on peut se permettre quelques extras sur 2 jours, mais les trimballer une semaine, c’est long ! Une serviette pour 2, un jeu de cartes, un cahier et bien sûr l’appareil photo viendront compléter la liste. Côté affaires, on a gardé les mêmes tout le trek, et opté pour des fringues de rechange les soirs après la douche (ou de secours après une journée pluvieuse). Par beau temps, on peut improviser une lessive à l’arrivée et un roulement entre les affaires.
Prenez de quoi vous couvrir, il peut faire très froid même en plein été. Si la journée on se réchauffe en marchant, les soirées peuvent se révéler très très longues.
Les bâtons sont toujours un plus mais nullement primordiaux ici : peu de dénivelé, descentes simples. C’est surtout une question d’habitude (et de genoux).

W ou O ?

Oui, le circuit W inclut les principaux points d’intérêt du parc. Cela dit, le O offre un cadre plus paisible, loin de la zizanie du W, plusieurs beaux glaciers et différents points de vue sur le massif du Paine. Le gros plus, c’est le passage du paso Gardner avec la découverte du glacier Grey et le long cheminement au-dessus de celui-ci. D’ailleurs, pour ceux qui se cantonneront au W, on recommandera une demi-journée extra pour remonter la mer de glace depuis le refuge Grey jusqu’au camp Paso

En outre, le parc offre une vraie expérience aménagée et encadrée, une rareté en Amérique du Sud. Pour beaucoup, c’est l’opportunité de réaliser leur premier (et seul) grand trek à l’étranger, qui plus est dans ce cadre-là, fait de glaciers et pics granitiques.

Mis à part le premier campement (Seron), les 2 suivants appartiennent à Vertice dont les prix sont bien plus abordables. Le coût en plus n’est donc pas si conséquent.

Pas le temps ?

Que ce soit pour des raisons de temps ou budgétaires, il est possible d’aménager différemment le parcours. Nous-mêmes, en constatant la première fois les tarifs des campings, avons émis l’idée de doubler les étapes.
Les J1 et J2 pourraient être groupés en partant tôt le matin, de même que le J2 et le J3. Tripler ces 3 étapes nous paraît bien moins faisable, et la CONAF ne le permettrait sans doute pas.
A partir du W, il n’y a plus de contrôle sur les réservations, vous êtes libres de faire autant d’étapes que vous le souhaitez, à condition de respecter les barrières horaires à certains passages.
Nous déconseillons de doubler le J4 avec le paso Gardner. Déjà cela fait une sacrée journée, et ce serait gâcher le plus beau passage.

Si nous avons vraiment apprécié la vallée Francés, elle ne procure sans doute pas l’émotion du glacier Grey et est moins réputée que le mirador Torres. On gagnerait une journée à l’éviter. En considérant cela, on pourrait aisément doubler les étapes de Grey à Paine Grande puis jusqu’à Cuernos (ou Francés dans l’autre sens). Enfin on pourrait cumuler le trajet depuis Cuernos/Francés jusqu’à Central avec le mirador Torres. Si on souhaite profiter du lever de soleil au mirador, on pourrait réaliser le trek dans le sens inverse, en considérant un départ nocturne de Central, au risque de se cramer pour les jours suivants.

Libre à chacun de considérer les différentes options, il faut néanmoins garder à l’esprit que la Patagonie est imprévisible : si 30km se parcourent très bien en une journée, c’est une toute autre expérience avec une météo exécrable, un sac chargé et déjà plusieurs jours dans les chaussettes. C’est d’ailleurs pour ces raisons que l’on a décidé de ne pas doubler.

Difficulté

Randonneurs expérimentés, du moins habitués, nous n’avions en revanche jamais (sinon rarement) réalisé de trek sur plus de 2 jours. Les étapes nous ont paru assez simples, avec peu de dénivelé et des journées plutôt tranquilles pour alterner.

Des checkpoints et refuges sont disponibles tout au long du parcours, si besoin il est possible d’acheter à manger voire de réaliser tout le trek en « pension complète ». Certains ne portaient guère plus qu’un petit sac à dos.

La principale difficulté réside dans l’enchaînement des jours et la fameuse météo patagonienne. Hormis cela, c’est un trek à portée de tous.

Réservation

Torres, quelle peine…

On va être honnête. Si on a trouvé le trek très accessible, la principale difficulté fut clairement l’avant : comprendre et réserver les refuges.

De nombreux blogs expliquent les démarches, rendez-vous compte, des articles entiers sur « comment réserver un trek » ! Et ce qui surprend le plus, ce sont les dates de ces articles. Certains ont été écrits il y a 10 ans. Les sites Web ont été refaits, les démarches modifiées, plusieurs refuges fermés, et pourtant… C’est toujours la même galère !

Les refuges appartiennent à 3 organismes différents :

  • La CONAF : Italiano et Paso
    Gratuits mais sommaires, ils sont fermés depuis quelques années. Ils étaient censés réouvrir en 2024, mais aucune nouvelle depuis.
  • Vertice (privé), a le secteur ouest : Dickson, Perros, Grey, Paine Grande
    Globalement très abordables, ce sont les plus grands sur le W, ils nous ont souvent parus mieux fournis. En revanche les personnes en pension les ont trouvés moins qualitatifs sur les repas et services.
  • Las Torres, anciennement Fantastico Sur (privé), a le secteur est : Seron, Francés, Cuernos, Chileno, Central
    Les prix sont radicalement plus élevés, compter 80€ pour poser sa tente !
    Si le standing semble bien plus haut que Vertice pour les personnes en pension (verre de vin offert à Francés, plats travaillés à Seron, chalets privés à Cuernos…), les infrastructures nous ont semblé bien moindres pour les personnes qui paient juste un emplacement.

Petit florilège :

  • Vertice n’ouvre sa billetterie que plus tard dans la saison (juin). Soit vous attendez comme nous l’ouverture pour tout réserver d’un coup, au risque de ne plus avoir de place côté W, soit vous réservez en avance la partie Las Torres, au risque de ne jamais obtenir de place côté Vertice.
  • En avril, Las Torres ne proposait pas d’emplacement où poser sa tente, l’option la moins onéreuse était la location d’une tente pour 160€. Sur des groupes Facebook, les gens posaient les mêmes questions en continu, certains ont décidé de réserver ces tentes plutôt que de risquer de ne rien avoir.
  • Le site de réservation de Vertice n’affichait pas les options dans les formulaires. Vous cliquiez sur les menus déroulants et toutes les options étaient vides. En général vous cochiez la première, et en fonction du total affiché vous testiez les autres, jusqu’à obtenir le montant attendu.
  • Le paiement pour Vertice ne pouvait s’effectuer que par Paypal. Préparez votre compte pour ne pas avoir de surprise au moment de la réservation. Celle-ci expire après 15 minutes sans paiement réalisé.
  • Las Torres n’envoie pas de récapitulatif des campings réservés. En l’état, vous n’avez pas la possibilité de vérifier que tout est bien correct. Nous avons mis 2 mois, après plusieurs mails, à obtenir ce fameux récapitulatif.
  • Le paiement Vertice a échoué alors que nous essayions de réserver en simultané sur les 2 sites. En l’espace de 15 minutes, nous avons perdu la disponibilité d’un emplacement et avons réfléchi à doubler certaines étapes. Heureusement, on les a contactés par mail après coup, et ils ont accepté de réarranger nos jours en doublon.

Un seul conseil, restez bien à l’affût des dates d’ouverture et ne traînez pas, chaque minute perdue pourrait vous coûter une coquette somme. Les sites des organismes changent régulièrement et présentent à chaque fois des anomalies, faites ça idéalement à plusieurs. On vous souhaite bien du courage !

Budget

  • Entrée du parc : pass +3jours sur Pases Digitales Parques Nacionales – Torres del Paine à 45€/p
  • Camping Vertice : environ 22€/nuit/2p pour les campings Dickson, Perros, Grey et Paine grande
  • Camping Las Torres : 80€/nuit/2p pour les campings Seron, Frances et Chileno
  • Total pour le Trek O : 438€ pour 2 personnes 💸

Bilan

Oui, passé l’enfer des réservations, le parc de Torres del Paine vaut indéniablement le coup. Entre ses lagunes colorées, les nombreux glaciers qui ornent ses montagnes, les roches granitiques qui chaque jour déchaînent les flashs de milliers de visiteurs, et bien sûr le fantastique glacier Grey, provenant de l’immense campo de hielo sur, le parc offre des paysages uniques (du moins, partagés avec le parc de Los Glaciares côté argentin) qu’il serait fou de laisser de côté.

Cela reste néanmoins un sacré budget pour ceux qui souhaitent parcourir les circuits W ou O, d’autant s’ils manquent de matériel ou d’expérience. Si le parc peut se parcourir uniquement en voiture, ce serait dommage de ne pas profiter d’au moins une journée pour arpenter quelques sentiers et monter au mirador Torres.
Au-delà du côté financier, pour tout voyageur à long terme c’est également une contrainte temporelle. Pour nous, cela a conditionné les 2 premiers mois de notre voyage. Nous savions qu’à cette date précise, nous devions commencer le trek, et nous avons parfois dû presser la cadence, ou faire des concessions en cours de route.

Torres del Paine autrement (en 1-2 jours, en voiture)

Nous sommes arrivés quelques jours avant le trek, au cas où le ferry serait retardé. Après avoir fait le plein à Puerto Natales, on décide d’explorer un peu le parc en amont.

Il y a 3 entrées différentes :

  • Une première au nord, la principale, qui mène notamment au centre de bienvenue, elle passe par la belle laguna Amarga (privée). La route depuis natales est goudronnée dans un premier temps puis était en pleine reconstruction.
  • La deuxième entrée également au nord était quant à elle fermée pour rénovation.
  • Enfin la troisième entrée, au sud, permet d’accéder au secteur Grey. La route, goudronnée, est en bon état jusqu’à la Cueva del Milodon, puis se détériore fortement avec des nids de poule de partout. On sait déjà que l’argent ne va pas là. Une fois entré dans le parc (où il n’y a que de la piste), on se dirige vers le secteur Pingo. C’est le départ de plusieurs randonnées pour observer le glacier Grey. Il y a une grande cafétéria avec wifi et les vans sont autorisés à passer la nuit sur le parking.

Au matin, on profite de la balade depuis l’accueil Pingo au bord du lac Grey. On préfère s’économiser plutôt que de monter au mirador Zapata. Le glacier, on le verra suffisamment lors du trek.

On revient en arrière et on prend la route qui traverse le parc. En chemin on s’arrête et traverse l’hôtel Explora pour rejoindre la cascade cachée derrière, rien de mirobolant.
On repart et longe le fabuleux lac Pehue, où le camping éponyme paraît très sympa, et on monte au mirador Condor. Bonne montée, courte mais abrupte, qui offre une vue merveilleuse sur le lac et au loin, le massif du Paine.

On continue et on marche jusqu’au mirador Cuernos, qui borde le lac Nordenskjold, d’un bleu étincelant. Cette fois le massif est dressé devant nous, on entrevoit les tours de granit.

On poursuit sur la route, croise quelques belles lagunes dont la Sarmiento, et on parvient à l’accueil du parc, après la première entrée (nord). On leur demande s’il est possible de passer la nuit sur le parking du centre de bienvenue, pour commencer tôt le lendemain, et éviter de sortir… Pas possible, on fera 35km aller-retour pour quitter le parc et trouver un spot décent. Après avoir obtenu une réponse négative, difficile d’aller quand même dormir au parking et de se mettre en porte à faux vis-à-vis des rangers, mais si c’était à refaire on irait directement là-bas sans poser la question. Si vous commencez le circuit le lendemain, montrez vos preuves de réservation pour justifier votre présence.

Après la sortie, une dernière lagune, Amarga vaut elle aussi le détour. Pour le coup elle est sur un terrain privé ce qui explique qu’elle n’appartient pas au parc.

Les différents miradors (sur 1-2 jours), idéalement couplés avec la rando sur une journée au mirador Torres permettent déjà de bien parcourir le parc de Torres del Paine et d’observer le glacier Grey ou les lacs colorés qui parsèment le parc. C’est une bonne option pour les personnes avec un timing serré ou qui ne souhaitent pas faire de trop longues randos.

Puerto Natales

Petite ville où vous trouverez tout ce dont vous avez besoin avant ou après le trek, de quoi se préparer ou se revigorer. A vrai dire, on a plutôt bien aimé Natales, où on aura passé 3 jours en tout. Les prix sont plutôt abordables (voire bon marché quand on compare à l’Argentine !), et les choix sont nombreux. Si on a fait nos grosses courses à Unimarc, juste en face une petite boutique offre un choix de céréales en vrac à prix bien plus intéressant. Ils ont même quelques produits frais plutôt bon marché.
On a aussi pu faire le plein de bouteilles de gaz pour le van dans les magasins de rando, qui disposent de tout le nécessaire si besoin. La sélection de cafés et restaurants est de très bonne qualité, les bonnes pizzerias abondent, vous n’aurez que l’embarras du choix ! Nous on jettera notre dévolu sur le Napoli au retour de trek.

On a dormi plusieurs fois sur la côte, au bout du village. Le spot est particulièrement exposé au vent mais la vue est superbe et vous ne serez pas dérangés, sinon des locaux qui comme tout bons chiliens font toujours un tour sur les parkings perdus au coucher et au lever du soleil !

Au croisement des rues Baquedano et Bernardo O’Higgins, un stand de completo s’installe les après-midis (disons entre 15h et 19h) où affluent les locaux. On manquera à chaque fois le bon timing, mais on n’aurait pas dit non au hot-dog choucroute !

Le «sachiez-vous» ?

Vous verrez souvent ce personnage aux 4 coins de la ville, on le retrouve aussi en Terre de Feu. Il représente les Selknam, un peuple amérindien qui vivait autrefois dans la région et qui fut décimé par les colons. De nombreuses légendes persistent encore à leur sujet.

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